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3/25/2015

#MoocDQ3 04JS 20150325 Tu t'es laissée emporter dans une expérience qui ne te convient pas. Tu continues. Pour combien de temps encore.

#MoocDQ3 04JS 20150325 Tu t'es laissée emporter dans une expérience qui ne te convient pas. Tu continues. Pour combien de temps encore. 

Tu t'es laissée emporter dans une expérience qui ne te convient pas. Tu continues. Pour combien de temps encore ?  

Tu t'es couchée. Tu as déposé les armes. Tu es donc prête pour une nouvelle bataille. Tu es amusée. Tu t'amuses de la fantaisie qui se débride et te bride.   

Tu n'écris pas le roman que tu voulais écrire.   

Tu écris autre chose.   

C'est insipide.   

Tu y perds en profondeur, tu perds ta profondeur, ta poésie.   

Cet amusement, c'est toi aussi. Il t'est vital.   

Mais le projet sous-jacent lasse par sa lourdeur didactique.  

Tu ferais mieux de repasser à une écriture plus théorique.  

 Tu n'abandonnes pas, cependant. Tu essaies encore. Tu ne sais que trop combien il faut parfois continuer à s'entêter, à continuer, même si tu ne sais pas où tu vas. Tu expérimentes, tu tentes, tu vas, tu vaques, tu vis comme tu l'entends. Tu acceptes des contraintes factices qui te font rugir. Qui brisent ton bel élan et te forcent malgré tout à ne pas rester sur place. Tu te promènes dans des artères qui ne sont pas les tiennes, que tu as négligées, et qui pourtant sont aussi à toi, pour toi. Tu persistes et tu signes de ton nom l'empreinte que tu laisses, la trace que tu traces sans plus passer par la plume, le crayon ou le stylo. 

 Tu as perdu ton rythme. Il revient en dépit de tout.   

Cette histoire te déprime, cette histoire te lasse, mais tu ne veux pas abandonner en cours d'expérience. Tu veux aller jusqu'au bout, tu veux voir où tu te laisseras mener par ta propre encre électronique, poussée par des conseils externes généraux inadaptés, penses-tu, à ce que tu projetais.   

Tu savais pourtant que ce projet n'était pas prêt, qu'il faudrait le reprendre, qu'il te faudrait une demie-décennie pour en faire le tour.   

Tu es sortie de la seule déploration, de l'introspection, avant même d'avoir tenu ce que tu t'étais promis : faire un fichier unique de ce "*Roman de 'Tu'*" que, du coup, tu continues ici et là, faute de d'y avoir mis un point final définitif et de l'avoir envoyé à quelque éditeur.   

Tu gagnes en légèreté ce que tu perds en profondeur. Peut-être es-tu plus douée pour la légèreté que pour la profondeur ? À moins que ne t'enlises ou que tu sois faite pour instiller de la profondeur dans la légèreté. Tes interrogations ne sont pas nouvelles. Tu t'es toujours sentie écartelée entre bonne humeur, vie heureuse et cogitation, méditation.   

La philosophie, la littérature, le labeur délétère s'éloignent parfois de toi.   

Tu vis.   

Tu revis.   

Tu te moques de tout, m^me de toi-même, sans jamais te moquer, ni nier ce que tu es.   

Tu es double. L'as toujours été. Tu n'es pas l'un sans l'autre, pas l'une sans l'autre. Sans un des deux, tu es incomplète. Tu es le paquet complet : une "*chose*" et une autre, qui n'est pas son contraire, mais son complémentaire. Tu ne peux pas être ce que tu voudrais être. Tu es ce que tu es. Tu es. C'est déjà bien.  

Tu l'écris. Sans passer de permis.  C'est encore mieux. 

Tu acceptes et tu consens à ne pas être dans la norme, pas plus que dans l'énorme. Te serais-tu interdit la mesure, par quelque conditionnement social, familial dont tu ne pourrais, à jamais, te défaire ? Tu as déjà, plus d'une fois, fait le tour de la question. Tu sais que tu n'en auras jamais fini. Tu as besoin des deux bords pour trouver le juste milieu, là où tu es "*juste bien*", le juste milieu.  

Peut-être as-tu réussi à te débarrasser définitivement, temporairement de ta quête de normalité impossible. "*Les Maladies de l'homme normal*" de Guillaume le Blanc a inscrit son empreinte dans ta réflexion, tes actes de parole. Dans tes actes aussi. Tu as fui les ravages de la "*normopathie*". Tu as consenti, tu consentis à te sentir différente, à le dire, à l'écrire, le transmettre. Et tu sais, et tu sens que plus tu consens à quitter l'impératif révolutionnaire, artistique, l'impératif externe, plus tu gagnes en profondeur, en singularité, et plus tu deviens universelle, plus cela t'engage à et vers l’extérieur.  Ton retrait comporte encore une forme d'engagement que tu ne peux taire plus longtemps.   

Tu arpentes ton psychisme, par écrit, seule, écrivant devant des lecteurs en ligne qui te lisent, mais dont peu te répondent. Tu ne peux écrire complètement seule.  Tu n'as jamais pu. 

Là est ta faille.   
 
Là est ta force.  
 
Ta force d'écriture.   

Pour cela, tu n'as pas besoin de conseils. Juste d'un cadre. D'une contrainte. Contrainte molle, contrainte acceptée, d'une promesse à toi seule faite, mais dans le cadre d'un engagement public, en participant à un gigantesque atelier d'écriture sur Internet prenant la forme d'un MOOC que tu avais répudié l'an passé, le trouvant - *stupide et encore brisée que tu étais !* - pas assez bien pour toi.  

En te contraignant à en rabattre, à rabaisser tes exigences, tu avances, *allez !, vite !, un cliché*, à grands pas de géante. Que cela te plaise ou non, ce qui sort de tes entrailles psychiques, cela sort malgré toi et de bon gré, ce qui sort te fait du bien, un bien fou qui t'éloignes de ce que tu as cru être ta folie et qui n'était que ta dépression.

Dépression.  Longue. Tourmentée. Majeure. Que tu as appelé ta *crise de sénescence*", la peur de ton vide à l'approche de la retraite. Son arrivée. Le sentiment d'inutilité dévolu aux inactifs, aux vieillards, aux enfants, aux chômeurs, aux sans-papiers.    

Tu n'as pas eu le courage de penser la question de l'utilité et de l'inutilité sociales, tu ne t'es pas encore jetée dans la lecture de Bentham pour y travailler précisément ce sujet-là. À quoi donc cela t'aurait-il été utile, alors que plus rien de ce que tu savais faire si bien ne t'était  plus utile ? Tu avais perdu le vrai goût de presque tout.

Le goût d'écrire est là. Les cloisonnements génériques entre genre noble et genre populaire ne sont pas pour toi. Tu n’écris jamais que ce que tu penses qu'il faut avoir le courage de penser, pour ne pas s'illusionner plus longtemps que nécessaire, pour faire front, pour faire face. pour avancer.  

Jour après jour, tu mets en place davantage de choses, tu deviens de plus en plus fière de toi, tu reprends conscience, tu reprends confiance. En toi. La confiance que tu avais perdue dans une lutte perdue d'avance dans laquelle tu ne t'es que trop acharnée.  

L'envie de vie a repris le dessus. Tu as lâché du lest, lâché du mou, lâché de ta dureté, tu t'es adoucie, délestée, amusée. Tu as pris soin de ton corps pour tenir la distance. Tu ne sais ce qui te pousse, sinon l'envie de la vie qui a repris vie. Ton corps empâté retrouve sa silhouette. Le régime, efficace, est venu de lui-même, avec la marche, les vacances, l'activité régulière, et l'amour, bien sûr, l'amour, même si ce matin, tu abordes ta troisième journée sans activité physique - autre que ton sport préféré avec ton aimé.   

Aller, aller vite, se lever, se doucher. Commencer par prendre un café. Se lire. Se relire. S'aimer.  S'activer. Cultiver ses affects joyeux, comme le brave Spinoza.

Attendre sans attendre que commence la journée.   Penser. Écrire. Vivre. Rêver.

Le moustique de mars t'a enfin délaissée. Il ne devait pas aimer ta littérature.  

Tant pis pour lui. Tant mieux pour toi. 

*Café.*

© Simone Rinzler | 25 mars 2015 - Tous droits réservés

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