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3/27/2015

#MoocDQ3 1756 20150326 Quelques réflexions, en passant, un peu en surplomb...

#MoocDQ3 1756 20150326 Quelques réflexions, en passant, un peu en surplomb... 

C'est un jeu dangereux de se mettre en scène comme ça.

C'est un jeu dangereux de se mettre en scène comme ça. Il faut pouvoir tenir la distance sur le long terme. Tenir la distance aussi par rapport à soi-même. 
C'est assez prétentieux, parce que c'est très ambitieux, et que c'est se condamner à la réussite. C'est surtout courageux de s'y lancer en ayant conscience de toutes ces difficultés, ce qui signifie que c'est un projet vraiment fou.   

C'est ce qui rend le projet passionnant, c'est que le lecteur se demande comment l'auteur s'en sortira. Et comme il y a plusieurs auteurs, plusieurs narrateurs, que l'auteur est son double et que son double a un double, le risque est de se tromper, de se rater, de se laisser entraîner, emporter vers un genre plutôt qu'un autre tout en laissant tomber le cœur de son projet. Cela demande une lucidité et une capacité de réflexion et d'auto-réflexivité  hors normes. C'est ce qui fait précisément toute la grandeur du projet. C'est ce qui en fait tout le danger. Toute la dimension folle.  

Le risque, après, n'est peut-être pas aussi grand qu'on l'imagine. Pas tant pour l'auteur et son rapport à lui-même que pour ce que l'auteur craignait de son virage vers la littérature.   

La littérature est incapable de masquer, de travestir le réel. Elle s'ancre dans le réel. Y compris à l'insu de l'auteur.   

"*La littérature pense*", certes.   
Elle pense où elle veut. Où elle peut.  
Elle fait ce qu'elle veut.  
Elle ne fait pas ce que son auteur veut.
Le texte prend son autonomie.
Il pense seul.   
Il abandonne l'auteur.
Le laisse seul, face à son texte, face à ses intentions, ses représentations de lecteur idéal et ses représentations de lecteur bien peu idéal. Face à son retour vers le réel de la la littérature, de l'écriture.
Chaque lecteur interprète à sa manière. En fonction de sa vie, de ses expériences, du contexte de lecture.  
En fonction aussi de la représentation qu'il se fait de l'auteur. Représentation qui peut être tout aussi erronée et fantasmée que les représentations de lecteur que l'auteur empirique se fait de ses lecteurs dans le contexte d'écriture, puis de réécriture et de publication de son texte. Sans compter les représentations de texte et de lecteurs que s'en fait l'éditeur qui accepte d'éditer le texte. Sans oublier les modifications de représentations de lecteurs que l'auteur est amené à envisager au moment des négociations, mot à mot, paragraphe par paragraphe avec celui qui s'est engagé à publier le texte. Texte qui se modifie. Malléable, taillable, dépeçable à merci. Jusqu'à la réécriture à quatre mains, en âpres négociations entre auteur et éditeur.   

Que penser d'un éditeur ou d'une éditrice qui ne voudrait rien changer ?  
Qu'il est paresseux. Pressé. Enthousiasmé. Bluffé. Insuffisamment exigeant. 

Se garder de l'enthousiasme béat. Ne pas céder à la facilité de l'admiration de quelqu'un qui n'a jamais écrit. Prendre le compliment. S'en gorger. S'en gaver. Pour le moral, ça ne fait pas de mal.  

Se garder de la correction effectuée avec une minutie excessive. Tenir bon sur ce qui compte. Évaluer, peser, soupeser ce qui compte. Après la quête, littéraire, existentielle, la lutte. Sur le terrain.
Lutter. Pied à pied.  

Se laisser faire. Résister. Céder. Tenir bon. Faire des choix. L'un après l'autre. Chaque chose en son temps. Rester posé. Déterminé. Continuer. Poursuivre jusqu'à la fin. Sans se renier, ni se rogner.   

Tenir le point. 

Poing levé.  

Désarmer.  

Publier.  

© Simone Rinzler | 26-27 mars 2015 - Tous droits réservés

[Sources :
- LECERCLE Jean-Jacques, "Interpretation as Pragmatics" - LECERCLE in Lecercle & Shusterman "L'Emprise des signes - Débat sur l'expérience littéraire", Seuil
- RINZLER Simone (mes propres travaux sur le sujet, modèle ALTER, ASTER, etc. présentés dans le dossier d'HDR, Synthèse, Recueil d'articles, Monographie, 10 juin 2011]

NB : Je poste moins souvent. Écriture de roman oblige.
N'hésitez pas à aller farfouiller dans les archives de L'Atelier de L'Espère-Luette


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