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6/23/2016

9 #Écrire du Bien : Une perte de liberté acceptée de grand cœur et me voilà totalement transportée.

9 #Écrire du Bien : Une perte de liberté acceptée de grand cœur et me voilà totalement transportée.


Une perte de liberté acceptée de grand cœur et me voilà totalement transportée. 


Je savais que de la contrainte naît la liberté. L'horreur des contraintes m'a quittée. 


Je revis depuis trois jours. Encore mieux que mieux. Encore mieux qu'avant. Ça allait pourtant bien. Les instants étaient calmes et doux. La vie s'écoulait joliment, entourée de ceux que j'aime et les entourant de ma douceur regagnée. 


Le temps est venu de sortir de sa grotte et de reprendre le fil d'une vie pleine. Elle était déjà radieuse, mais toujours un peu cahotante, crachotante. 


Je travaille mes partitions du Requiem de Fauré depuis lundi. 


J'en ai écouté de très nombreuses versions.


Dans mes préférées, on entend les consonnes. Les attaques sont parfaites, certes, comme il doit. Mais les consonnes finales aussi sonnent aussi à l'unisson, à la fin de chaque phrase, de chaque mot terminé par une consonne.  Bien sûr, les alti  ont des voix rondes et chaudes. Elles ne sont pas présentés par défaut, dépitées de ne pas être sopranes. Elles colorent et enrichissent les accords fauréens.


J'ai travaillé mes parties « à la table », sans chanter. 


Je réentends ce Requiem aimé autrefois. Il était sorti de ma mémoire. Je ne l'avais jamais chanté.


Il m'accompagne à presque chaque instant depuis quelques jours.


Je n'ai pas encore pris le temps de le lire sans chanter, « à l'italienne ».


En venant de ma lointaine banlieue, je l'ai écouté à plusieurs reprises. Les réflexes de chanteuse sont revenus avec la joie de se rendre seule sur mes lieux de ce rendez-vous rêvé. J'exprime doucement mon souffle, joues gonflées, comme une paille entre les lèvres. 


Je n'ai toujours pas travaillé ma voix pour ne pas la fatiguer. Le travail de posture à été repris depuis hier. Celui du souffle, cette fin d'après-midi même. C'est un peu court. Privilège des envies irrépressibles de dernière minute. 


Je suis arrivée en avance dans le vieux quartier où j'ai fait mes années de prépa. Je suis en terrain connu, même si je ne connais personne. Je me connais. Cela suffit. Je me sens pleine et entière malgré la touffeur accablante de cette journée. 


Dans moins d'une heure, commencera l'échauffement vocal. 


Puis l'insatisfaction probable de ne plus avoir autant de facilité qu'autrefois. Treize ans déjà, je crois, que je ne chante plus autrement que très sporadiquement et le plus souvent seule. 


Ce soir, je refais un pas vers ce que je ne sais qualifier, sinon comme la fin d'une sorte d'isolement, même si je suis loin d'être complètement isolée. 


Je m'apprête à trouver une vie chaleureuse, une vie de « faire ».


Faire ensemble, dans le silence des paroles de bavardage creuses, au son de nos voix unies. 


Allons chanter les morts pour célébrer la vie ensemble. 


Je suis prête. 


À tout.


Quoiqu'il arrive. Déconvenue ou magie du retour au berceau des émotions vécues. 


© Simone Rinzler | 23 juin 2016 - Tous droits réservés


C'est l'attente joyeuse, enfiévrée, moite dans la touffeur de la voiture, À L'Atelier de L'Espère-Luette



6/22/2016

8 #EB Écrire du Bien : J'ai rejoint le maquis de la liberté, la prairiedes jours désinvoltes, les bosquets des moments heureux.

8 #EB Écrire du Bien : J'ai rejoint le maquis de la liberté, la prairie des jours désinvoltes, les bosquets des moments heureux.

J'ai rejoint le maquis de la liberté, la prairie des jours désinvoltes, les bosquets des moments heureux. J'ai renoué avec la liberté de l'enfance, de l'adolescence, avec le plaisir d'une vie peu programmée. J'ai laissé les instants se passer, s'imposer, passer, puis repasser. 

J'ai profité de l'impromptu, du décousu, de la rêverie éveillée. J'ai peu écrit, pédalé, paressé, soigné mes muscles endoloris, résisté à la pente de l'effervescence. J'ai réfléchi, souvent à vide, plus si avide de tout. Je me réjouis de ce que je provoque, de ce que je fais, du retour de la vie comme elle vient.

J'ai balayé l'ennui, tantôt dessinant et commençant à tester la transparence de l'aquarelle, tantôt contemplant des travaux d'aiguilles, rêvant de m'y mettre aussi, de m'y remettre, enfin, volontairement.

J'ai fait des rêves de couleurs, de vêtures, d'ouvrages et de broderies à mon goût, sans le faire, sans les mettre sur l'établi de mon atelier. Le pli du loisir est pris. 

Malheur à qui tente de m'en détourner. 

La vie m'est douce, même si. La vie me traverse, en dépit. 

Je m'éjouis de ma vie, de guingois, trébuchante, tâtonnante. 

Je sirote le calme des jours de bonheur retrouvé, juste assez sucré, sans écœurement, ni haut-le-cœur. 

Je passe rapidement sur ce qui me désole, n'y prête guère d'attention, ignorante bénévole de la misère du monde. Je me fais Reine Midas, transformant ce que je touche en bonheurs des petits instants, insensible à la peine de l'autre qui m'impuissante. Je décore ma vie de petits moments de joie partagée et de bonheur isolé.

J'ai retissé mon cocon protecteur autour de mon cœur. Ma peau écrevisse cicatrise doucement. Je prends plaisir à cuisiner, nettoyer, ranger, à mon rythme, lent et sûr. 

J'ai délaissé les chemins du chaos et de l'empressement. Je vais, je viens, lentement. Je prends mon temps. La douceur m'est revenue. Elle m'attendait patiemment.

Je reprends le temps qui est mien, le rythme qui me convient, et tant pis pour les gens pressés. Je me suis habituée à ma nouvelle lenteur qui ne me cause pas que des désagréments. Je suis mon tempo, largo, larghetto, ma non troppo.

J'ai retrouvé ma musique intérieure en travaillant pendant trois jours une partition d'un Requiem aimé que je n'ai jamais chanté, opus 48 de Gabriel Fauré.

Je travaille à la table, sans chanter, le temps de trouver le temps de mettre mon corps en forme pour tenter les premières émissions vocales sur cette œuvre que je ne possède pas encore physiquement. Je travaille, j'écoute, je me mets la mélodie en tête, le tempo dans le corps, le rythme dans l'esprit. 

La partition des altos est parfois difficile à entendre sur les enregistrements. Avec ses modulations, elle est plus difficile à exécuter que celle des ténors et des sopranos. Je suis habituée à ce travail de mise en valeur de l'harmonie générale par les alti et les basses.

La ligne de l'alto n'est qu'assez peu audible. C'est un travail de contretemps, de richesse harmonique, de mise en valeur de la mélodie des voix hautes. J'aime ce travail de fourmi musicale. Je me fait enluminure vocale, par la pensée, chantant dans ma tête comme on lit un livre. 

Je renoue avec la lecture de partitions.

Je me prépare à un éventuel retour au chant, malgré mes capacités vocales perdues par le manque de pratique, les soucis, la fatigue, passés.

Je suis un peu fébrile à l'idée de me réengager dans un travail de groupe. 

Il est pourtant temps d'y passer, de penser à s'y mettre.

Le travail et l'écoute apaisent la fébrilité, la peur du retour au contact avec un groupe, autre que ceux que j'ai déjà fréquentés et fréquente encore, mais si peu, trop peu, bien trop peu.

Comme il me sera difficile de me lever vendredi matin pour cette journée de chant plaisir au Choeur Vittoria d'Île de France de Michel Piquemal. 

L'annonce m'avait fair envie. Je l'avais laissée de côté. 

L'annonce m'est revenue. J'ai aimé la démarche proposée. Venir ch,Ayer une journée, pour le plaisir de chanter.

Je m'expose à ne pas être acceptée. J'avais déjà autrefois postulé dans ce grand chœur, avant de découvrir Dix de Choeur puis Sotto Voce.

Plus forte d'expérience musicale, je me sais aussi plus faible vocalement désormais. Je me prépare, sérieusement, pour mettre toutes les chances de mon côté. Et surtout pour retrouver le plaisir du chant choral, non pas en spectateur auditeur, mais dans les rangs d'un grand chœur.

Depuis trois longues années, je ne pratique plus vraiment d'activités en commun. Ces temps de création commune me manquent terriblement. 

Il est temps de s'y mettre. 

De s'y remettre. 

Une journée.

Au moins.

Voilà qui tient ma semaine de fête.

© Simone Rinzler | 21-22 juin 2016 - Tous droits réservés 

Le retour de la fête, du démon, de la musique, au hasard des rencontres virtuelles, mais... Bien sûr ! C'est À L'Atelier de L'Espère-Luette


6/16/2016

7 #EB Écrire du Bien : Aujourd'hui, je profite d'une journée pour moi toute seule. Après le déjeuner avec un de mes grands amis, je n'ai pas envie de rentrer immédiatement à la maison. Sans rien décider, je me promène, un peu au hasard.

7 #EB Écrire du Bien : Aujourd'hui, je profite d'une journée pour moi toute seule. Après le déjeuner avec un de mes grands amis, je n'ai pas envie de rentrer immédiatement à la maison. Sans rien décider, je me promène, un peu au hasard.

Aujourd'hui, je profite d'une journée pour moi toute seule. Après le déjeuner avec un de mes grands amis, je n'ai pas envie de rentrer immédiatement à la maison. Sans rien décider, je me promène, un peu au hasard. J'ai envie de marcher vite. La lenteur m'a quittée, je ne sais quand. Avant-hier déjà, lors de ma promenade à Pégase électrique, j'ai pédalé bien plus vite que d'habitude, laissant mon compagnon pédaler derrière moi dans le plate du sous-bois. L'énergie est revenue et avec elle, l'endurance. La lecture aussi est revenue.

Après ce joyeux déjeuner savoureux, il ne me reste plus qu'à arpenter la grande ville où je n'allais plus guère. Ma tête ne décide rien. Je me retrouve près d'un des lieux de mon enfance. J'y suis déjà repassé plusieurs fois ces dernières années. Mais aujourd'hui, la porte cochère est ouverte. Je pénètre dans la cour. Ma grand-mère habitait dans l'immeuble situé à gauche. Tout est méconnaissable, sauf la vue vers le ciel. La porte d'entrée de l'immeuble de gauche comporte un digicode. Un peintre voit que je veux rentrer. Il m'ouvre la porte. Je le remercie et ne peux m'empêcher de lui dire, que dis-je ?, de lui déclarer avec une sorte de plaisir fier que j'ai habité la autrefois, dans l'enfance. L'avoir dit me pousse à aller plus avant. Je ne me souviens plus si cette grand-mère-là habitait au 4ème ou au 5ème étage. Elle habitait sur le palier, côté gauche. À droite, habitait une demoiselle et son père. Mon oncle épousa la jeune fille du palier. Je connaissais donc les deux appartements. Les peintures ont été refaites. Le trou de la cage d'escalier est désormais bouché par un minuscule ascenseur. Je me souviens que je m'étais coincée la tête entre les barreaux de l'escalier. Les oreilles ne voulaient plus repasser dans l'autre sens. Je restai coincée là, sur ce palier, entre les deux appartements, jusqu'à ce que quelqu'un vienne me délivrer de ma curiosité enfantine. Je regarde le parquet de bois. Je ne le reconnais pas. Je fixe les lattes du plancher désormais vernissé. Peut-être reconnaîtrai-je l'étage ? Il me semble bien que c'était le 4ème. Je parie pour le 4ème, un peu au hasard. Tout ne peut pas revenir à la mémoire. Je continue à monter. Je me souviens, depuis toujours, qu'il y avait un passage plus haut qui permettait d'accéder à l'immeuble d'en face, celui situé à la droite dans la cour.

Je pousse la curiosité jusqu'à monter plus haut que le 5ème étage. L'immeuble st incroyablement haut. Parvenue au 8ème étage, il n'y a plus de palier mais un passage qui mène vers la droite. Je vais arriver sur le lieu d'un endroit que j'ai parfois retrouve dans les rares cauchemars. Je tourne. A droite, le couloir tourne à gauche. Je découvre une fenêtre donnât sur la cour pressa en face, et à gauche, la porte d'une petite chambre de bonne qui appartenait à ma famille ou, plutôt, était louée par elle. Malgré la peinture fraîche, le lie n'a pas changé. Je retrouve le lieu de mes cauchemars. Intact. Étonnante mémoire des lieux, fraîche et précise, à plus de cinquante ans de distance. Je fait le tour pour redescendre dans le second immeuble, celui de droite. Je découvre un vue magnifique sur Paris. Il fait beau. De beaux nuages blancs, majestueux, s'accordent à la claire peinture fraîche. Les courettes intérieurs sont désormais d'un beau blanc crémeux. Je me souvenais de trous noirs et sales, avant le grand blanchissement par sablage des immeubles du Paris encrassé des années cinquante et soixante. 

Finalement, après avoir pris quelques photos du paysage parisien par-dessus des toits, je ne redescends pas par l'escalier inconnu. Il ne m'intéresse pas. Je rebrousse chemin le long du couloir retrouve. Cherche le bon angle pour,la prise de vue. Je suis heureuse d'avoir revu ce dédale de couloirs qui m'effrayaient. Tout est blanc cassé et propre. Les fenêtres d'un bleu canard un peu éteint donnent du chi ca le,semble. Tout devait être écaillé quand je m'y rendais régulièrement. Je garde le souvenir de rembarres en bois dont la peinture grise pelait et grattait les coudes. Je sens l'odeur de poussière en y repensant. L'odeur de la poussière de bois et de peinture écaillée, un peu crayeuse. Je ressens cette odeur qui me revient ce soir-même alors que je retrace mon périple du jour.

Je redescends l'escalier que j'avais monté pour repasser devant ce lieu d'enfance sans joie que je n'ai pas beaucoup aimé. Encore quelques clichés. La cour. La trouée de l'immeuble vers le ciel en regardant en haut. Le ravalement des façades rend le lieu inconnu. Seule la trouée semble identique. La cour est pavée. Je regarde le large porche double, immense même à hauteur d'adulte. Je ressors de l'immeuble. Un coup d'œil vers la gauche. Même si les magasins ne sont plus les mêmes, le renfoncement sur deux immeubles n'a pas changé. Pourtant, j'étais passée là il y a quelques années. Mais je n'avais pas eu le même retour du passé que celui qui m'a frappée aujourd'hui quand je suis ressortie de l'immeuble et ai tourné la tête vers la gauche.

C'est amusant de revenir sur le lieu d'une enfance effacée. Maintenant, tout est clair, tout est calme. L'épicerie a disparu. L'épicier ou le crémier n'est plus là. Le marchand de vin avec son béret et et les odeurs de vinasse sur le sol ne sont plus là non plus. La ville s'est modernisée. Elle est devenue bien proprette. Il y a bien davantage de marchands de fanfreluches en gros qu'autrefois. Il ont remplacé maroquiniers, selliers et fourreurs. Je crois qu'emportée dans mon élan, je brode un peu. Il y avait bien des marchands de sacs et de chapeaux en gros. Et probablement des marchands de cols de fourrure.

Je marche au hasard dans ce quartier connu inconnu, à l'aveuglette. Je me fie à mon sens de l'orientation des villes, à ma mémoire endormie. Je me laisse guider par mes pas. Je reconnais le nom des rues, comme d'anciens compagnons. Parfois, il m'est difficile de reconnaître le quartier. Tous les immeubles y sont récents. Construits après la fermeture des vieilles Halles de Paris, tout y est d'un beau crème. Les maisons sont droite et laides. Fonctionnelles. Sans charme. Des habitations. Une école. Un commissariat. Et le souvenir, au fond, de ce qui allait devenir le trou des Halles et dont je garde un souvenir vague sur lequel je n'ai aucun doute. J'ai bien connu cela. Je reconnais à peine. Les visions anciennes et nouvelles se superposent. Je croyais n'avoir pas de souvenirs. Le souvenir des lieux ne m'a pourtant pas quitté.

Je continue à marcher. Retrouve des quartiers visites à d'autres moments, dont je n'avais jamais eu conscience qu'ils étaient si proches d'un de mes lieux d'enfance. Tout paraît si loi quand on est encore petit. Le périmètre familier est restreint chez la petite fille d'appartement à qui il était interdit de jouer dirons, "comme une gosse des rues". Malgré l'âge et la perte de vitalité des dernières années, jarre,te le quartier à une vitesse confondante. Mes jambes sont grandes maintenant, malgré ma petit taille. Je sillonne le quartier à grandes enjambées. Je fête le retour de l'allant.

Je m'éloigne des lieux connus d'autrefois ou de môments plus récents. Au détour d'une rue, j'aperçois le,three d'un musée dont j'ai entendu parler récemment. Cognacq-Jay. J'hésite à aller le visiter. Voici longtemps déjà que je baguenaude autour du Marais, du côté des anciennes Halles. Un instant d'hésitation. Mais, rien ne m'attend. Je suis libre comme l'air aujourd'hui. Pourquoi se refuser la visite d'un musée de peinture. Cela fait si Mo,grimpés que,je ne suis pas retournée déambuler seule da,s un musée. J'aime tant cela. Hop ! Demi-tour. Entrée dans le musée. Fouille du sac, passage par le.portique de sécurité. Quelques mots échangés avec l'homme chargé de vérifier les entrées.

Surprise. Le musée est gratuit. C'est un musée de la ville de Paris. L'hôtel particulier est joli. 

La surprise est de taille. Assez peu d'œuvres dans l'ensemble, mais des merveilles. Deux Canaletto, un van Ruysdael, plusieurs Greuze dont le charmant enfant blond vénitien aux cheveux bouclés, plusieurs œuvres de Boucher, un Largillière, et même un Chardin et un Vigée-Lebrun, des peintres italiens inconnus dont les veduttas attirent l'œil comme des cartes postales du passé. Quelques statues dans la première salle attirent mon attention. Deux sont très belles. Mes photos souvenirs ne leur rendent pas justice. Tout le relief est aplati.

De salle en salle, je parle avec les gardiens de chaque salle. L'ambiance est bon enfant. Je m'apprête à quitter le musée et parle enfin au dernier gardien du musée qui avait déjà donné des indications sur les peintures de la salle lors de mon arrivée. Nous entamons une discussion. L'autre gardienne s'éclipse. La discussion s'éternise. Nous nous rendons compte que nous connaissons des choses et des gens en commun. Il me parle d'une critique d'art et d'un auteur que je ne connais pas. 

Je quitte enfin le musée non sans avoir visité les commodités dans un magnifique sous-sol de belles pierres beiges.

À ma sortie, l'homme qui était chargé de la sécurité me compliment sur mon sourire à l'entrée et mon sourire à la sortie et continue avec jovialité. Mon sourire redouble. Ma joie intérieure aussi. 

La vie me sourit. Il fait beau. J'ai passé une excellente journée.

Comme avant. Quand la vie m'était douce. Que je savais me fabriquer du bonheur.

On dirait bien que je n'ai pas perdu la main.

Le bonheur, c'est mieux que le vélo. Ça ne s'oublie vraiment pas.

© Simone Rinzler | 15 juin 2016 - Tous droits réservés 

Un petit Post-Scriptum : 
Sur le chemin du retour, j'ai flâné de commerce en commerce et trouvé deux livres de l'auteur inconnu de moi. Les premières pages m'ont tapé dans l'œil. Immédiatement. 
Il faut toujours bavarder avec les gardiens de musée.
J'ai fait provision de livres, à nouveau. Choix très éclectiques. Dont, bien sûr, le fameux Emmanuel Bove, bientôt en lecture, après Alain Cadéo et Emmanuelle Guattari À L'Atelier de L'Espère-Luette


Attribué à Greuze, cet autre portrait d'enfant n'est pas celui qui est le plus connu

6/06/2016

6 #EB Écrire du Bien : C'est la douceur des jours qui s'écoulent paisiblement. Pas une ombre au tableau. Les soucis dans le dos.

6 #EB Écrire du Bien : C'est la douceur des jours qui s'écoulent paisiblement. Pas une ombre au tableau. Les soucis dans le dos. 

C'est la douceur des jours qui s'écoulent paisiblement. Pas une ombre au tableau. Les soucis dans le dos. La fenêtre est ouverte. L'air frais entre et caresse doucement la peau. Les Bébées dorment, douces.

La télévision anglaise pour enfants est restée allumée. Il y a un air d'enfance calme. Les jours doux et joyeux s'écoulent lentement. L'air est bon. Il fait frais. Il fait doux. Les couleurs vives et douces s'animent sur l'écran. Les voix d'enfants rieuses chantent la joie d'être. Il fait bon. Rien ne se passe. Le temps s'est arrêté dans le monde de l'enfance retrouvé. 

Qui n'a jamais regarde la télé anglaise pour enfants ne sait pas ce qu'est le bonheur. 

Le bonheur de voir, d'entendre, de chanter, de danser, l'émerveillement des couleurs, des jeux. Des adultes bienveillants, joyeux. Des enfants de toutes les couleurs, de tous les accents, des adultes de toutes origines, des métiers qui font envie, un monde de rêve dans lequel se couler, des expressions, des intonations d'émerveillement, des dialogues entre adultes et enfants, l'apprentissage de la langue des signes anglaise, la découverte et la redécouverte d'accents régionaux variés. Un monde multicolore dont les handicapés, enfants comme adultes, ne sont pas effacés. Un monde de tolérance, de diversité, de présentation du réel, émerveillée. Une cure radicale contre la vieille culture rassise d'où je viens, une cure de toute une vie, cure d'anglicité, d'originalité, de fantaisie et de joie communicative.

Que fais-tu de tes journées de retraitée ?

Eh bien, parfois, je regarde la télé anglaise, la télé pour enfants. Aucun chagrin, aucune angoisse n'y résiste jamais.

Les spécialistes des émissions pour enfants de la BBC sont les rois de l'éducation joyeuse, intelligente, considérante. Pas de grandes discussions sur ce qui est bien ou n'est pas bien. Des faits. Ou plutôt des actes, des dialogues à égalité entre enfants et adultes, sans condescendance, avec la curiosité en partage.

Ta grand-mère s'ennuie ? Elle a perdu le goût de la vie ? Elle se désole à regarder la télévision française qui attise sa peur, réveille des haines enfouies qu'elle n'avait jamais eues ? 

Achète une parabole, un décodeur Manhattan, branche-la sur CBeebies, la BBC pour enfants. Tu verras le sourire revenir sur ses lèvres. Elle dansera sur son fauteuil. Elle chantera . Elle apprendra des mondes qu'elle ne connaît pas encore. Elle se réveillera. Elle se sentira bien. Elle revivra.

© Simone Rinzler | 6 juin 2016 - Tous droits réservés

L'après-midi en enfance se passe À L'Atelier de L'Espère-Luette


6/03/2016

02 #Brouillon pour une #Nouvelle #Concours #Identité #BNC : Tu ne la connais pas. Elle s'insinue dans ton univers. Force ta porte. Quasi mutique. Tu hésites à refermer la porte. Trop tard. Le piège s'est refermé. Tu as cédé. Tu le savais. Tu n'aurais pas dû entrer dans son jeu. Tu es là. Seule. Tu n'as pas le moral. Un sale sentiment t'habite. Et ton couteau moral te taillade. Comme une mauvaise conscience. En une heure, rien qu'une toute petite heure, elle est devenue ta mauvaise conscience.

02 #Brouillon pour une #Nouvelle #Concours #Identité #BNC : Tu ne la connais pas. Elle s'insinue dans ton univers. Force ta porte. Quasi mutique. Tu hésites à refermer la porte. Trop tard. Le piège s'est refermé. Tu as cédé. Tu le savais. Tu n'aurais pas dû entrer dans son jeu. Tu es là. Seule. Tu n'as pas le moral. Un sale sentiment t'habite. Et ton couteau moral te taillade. Comme une mauvaise conscience. En une heure, rien qu'une toute petite heure, elle est devenue ta mauvaise conscience.

Tu ne la connais pas. Elle s'insinue dans ton univers. Force ta porte. Quasi mutique. Tu hésites à refermer la porte. Trop tard. Le piège s'est refermé. Tu as cédé. Tu le savais. Tu n'aurais pas dû entrer dans son jeu. Tu es là. Seule. Tu n'as pas le moral. Un sale sentiment t'habite. Et ton couteau moral te taillade. Comme une mauvaise conscience. En une heure, rien qu'une toute petite heure, elle est devenue ta mauvaise conscience.

Tu la connais. Tu l'as déjà rencontrée. Elle ou une autre. Elle ou un autre. Une buveuse de ta santé. Une buveuse de ton sang. Elle boit ta joie et te rend de la culpabilité en retour. Elle ne sait rien rendre d'autre. Elle ne rend que du mauvais, que du mal. Elle n'aime pas souffrir seule. Elle veut que tout le monde souffre avec elle, partage sa douleur. Au nom du Seigneur et du Petit Saint Barnabé. Elle te fait du chantage affectif, alors même que tu ne la connais pas encore. Elle est très forte. Tu la sens mauvaise. Mauvaise pour toi. 

Fuis ! Fuis ! Petite Toi ! 

Elle te fait le chantage à "Je n'ai personne", "Je suis seule au monde". 

Et toi, bonne fille comme toujours, tu te laisses piéger. Tu réponds de quelques mots de réconfort un peu plus que convenus. Tu ne sais pas dire des mots convenus, encore moins les écrire. 

Tu hais les formules convenues. Tu entames la discussion. Tu n'aurais pas dû. 

Tu ne le fais jamais dans ces circonstances-là. 

Alors pourquoi l'as-tu fait, là, cette fois ?

Pour tester ce que tu sais déjà ? 
Non, ce n'est pas cela. 
Tu n'as nul besoin de tester. 

Tu l'as fait machinalement. Comme une seconde nature. On t'a tellement appris à ne pas laisser aller une âme en peine que tu t'es intéressée à elle. Tu n'aimes pas voir la souffrance humaine. Surtout quand elle frappe à ta porte. Et que tu entr'ouvres la clôture de ton intimité. 

Mais cette souffrance, tu n'a aucune envie de la partager. 

Saloperie de partage chrétien. 

Tu te sens comme une bonne femme se rendant faire ses bonnes œuvres, en bonne sœur laïque que tu as toujours été. 
D'ailleurs, ce n'est pas toi qui délire. Elle t'a fait bénir par la Sang du Christ. 
Elle pue la recherche d'amitié en vain. Tu l'as senti tout de suite que ça ne collerait pas.

Une manière de s'adresser à toi. 
Cette façon de venir te chercher sans dire ce que tu veux. 
Cette attente que tout vienne de toi. 

Tu sais que si tu ne lâches pas tout de suite, elle te sera un poids. 

Déjà, une heure passée avec elle, vingt-quatre heures perdues ensuite à t'interroger pour rien. Multiplication par vingt-cinq des tracas, des soucis. Tu m’étonnes qu'elle soit seule ! Que tous l'aient abandonnée !

Mais... Elle fait fuir !... 

Loin ! Très loin. 

Tout là-bas, là-bas, loin des geignards ingénéreux, là où l'on vit bien, malgré tout.

Elle ne retient que les Petites Sœurs des Pauvres. Elle les retient par la mauvaise conscience. C'est une maîtresse-chanteuse de l'âme. Une suceuse de bien-être, une voleuse de bonheur. Elle a besoin de ta joie pour se nourrir et te laisse exsangue, vidée, épuisée, tourmentée. Tu connais ses méthodes. Tu en as tant connu qui avaient les mêmes. 

Certains te prenaient au filet. 

D'autres, non. 

Pourquoi ?, tu n'as encore jamais su. Tu penses que certains ne réveillaient pas ce besoin de protéger en toi, qui te vient de la nuit des enfances. 

Tu sais que tu as suivi d'autres joueuses et joueurs de flûte de Hamelin qui t'entraînaient à leur poursuite en te faisant miroiter des promesses indites et intenues.

Ce que tu sais, c'est que tu as toujours tort quand tu te laisses faire sans rien dire.

Vade retro, Satanas ! 

Casse-toi de ma vie avec tes plaintes, tes chantages, tes demandes informulées qu'il faut t'arracher de la bouche quand tu fais ta timide, ta pauvresse ! Ne compte plus sur moi ! Je ne suis plus là pour toi.

Tu as souffert ?, Tu souffres ?, Connasse ? 

Et à moi ? Tu ne te demandes pas ce que tu me fais ?

Tu viens te nourrir au lait de ma gentillesse humaine et à peine repue, tu me mords le sein. 

Tu es contente de toi ?

Tu crois que les autres t'ont fuie parce que tu étais malade ? 

Mais ils t'ont fuie parce que tu es une sale saleté. Une vampiresse de la pire espèce. Un suceuse de joie. Tu ne donnes rien en échange. Tu veux avoir, avoir, avoir. Tu veux prendre, prendre, prendre. Et tu prends, tu voles, en catimini. Oh ! Tu n'exiges pas ! Non ! Tu as ta morale pour toi ! Jamais un mot de travers. Toujours bien polie, bien mise. Jamais un mot de travers. Aucune demande qui ne fusse incongrue. Mais tu suces le sang de la joie, tu suces le sang de la vie, sans jamais vouloir payer de ta personne. Tu ne donnes rien. Tu ne veux rien donner. 

Tu es là pour prendre. 

Sans jamais rendre.

Je t'ai reconnue, tu sais. 

Tu n'es pas Elle

Tu n'es pas Lui

Mais je t'ai reconnue au premier coup d’œil. 

Tu es comme Eux

J'ai reconnu tes faits, tes gestes, tes dires, surtout, et tes non-dires. Ta manière de t'insinuer. de t'imposer. Comme une évidence. Un paysage toujours-déjà là, inéchappable.

Eh, bien, figure-toi qu'il m'aura fallu un grande journée de flottement à ne plus reconnaître qui j'étais, une longue journée de flottement, de mal-être, de malaise, de mal-à-l'aise pour te reconnaître et ne pas donner suite.

Tu ne pomperas pas mes forces. Tu ne me pomperas pas. Ni l'air, ni le sang, ni la joie, ni le bonheur des choses simples. Je suis bien trop fragile pour une saleté comme toi. 

Je me casse. Bon Débarras !

Ah ! Ça fait du Bien de se faire du Bien. 

Je peux recommencer à écrire.

C'est la fin d'une histoire qui allait mal tourner. J'ai reconnu les symptômes. 

Je les ai traités. 

De tous les noms.

Ça va déjà mieux. 

Ouf !

Il s'en est fallu de peu pour que je reperde mon âme.

© Simone Rinzler | 26 mai-3 juin 2016 - Tous droits réservés
(Texte écrit pour le concours de nouvelles sur le thème "Identité". Susceptible de subir des modifications après relecture)

L'Heure de la Fiction est revenue  À L'Atelier de L'Espère-Luette



6/01/2016

01 #ECTC Être contre, tout contre : Se distinguer.

,Être contre, se distinguer. Pour être comme Les Autres. Drôle de manière d'aborder son identité.
Faire comme les autres pour se distinguer d'Eux. Pas des mêmes Eux, mais des autres Autres. Esprit de conformité de qui est Contre. 

Tel fut le lot de tous ceux qui furent élevés dans le « Plus jamais ça ».

S'opposer. Résister. Faire tous de même.

Puis s'étonner de l'uniformité.

Tel fut le lot de tous ceux qui naquirent peu après les « Baby Boomers ».

Identité floue. 

Ni enfants de la guerre, ni enfants de la prospérité.

Enfants de l'Entre-Deux. 

Ni Les Uns, ni Les Autres. 

Ils ne se connaissent pas, ne se reconnaissent pas, ne se retrouvent dans aucune case, refusent toutes les cases qui leur sont allouées, s'y coulent sans s'en préoccuper, à leur insu, sans y penser.

Ces Eux, c'est Nous.

© Simone Rinzler | 1-3 juin 2016 - Tous droits réservés

Travail sur le thème de l'identité en juin dernier À L'Atelier de L'Espère-Luette








5/29/2016

5 #EB Écrire du Bien : Le besoin d'Ecrire du Bien s'est tari.L'écriture continue. J'aime tant écrire dans mes moments de solitude.Mais le besoin, le craving, le besoin irrépressible est passé. Seulreste le plaisir, plus rare, de ne pas se jeter à corps et à espritperdu.

5 #EB Écrire du Bien : Le Besoin d'Écrire du Bien s'est tari. L'écriture continue. J'aime tant écrire dans mes moments de solitude. Mais le besoin, le craving, le besoin irrépressible est passé. Seul reste le plaisir, rare, de ne pas se jeter à corps et à esprit perdus.

Le Besoin d'Écrire du Bien s'est tari. L'écriture continue. J'aime tant écrire dans mes moments de solitude. Mais le besoin, le craving, le besoin irrépressible est passé. Seul reste le plaisir, plus rare, de ne pas se jeter à corps et à esprit perdu.

Le besoin d'évacuer est passé. Le besoin de mettre loin derrière soi ce qui fait ou a fait souffrir a disparu. L'écriture-évacuation s'en est allée. Seule reste l'habitude. L'habitude du plaisir, la gourmandise d'écrire. 

L'envie d'écrire un Grand Roman m'a quittée. Je ne puis que m'en féliciter. Cette envie me gâchait la vie. Cette envie disait le vide de ma vie, suintait le manque. 

Craving

Craving d'Écriture. Irraisonné. Fou. Intense. 

L'intensité s'est calmée. Plus de trois ans déjà. Trois ans de désintoxication au poison du Craving

Exit la passion objective qui ne se peut maîtriser. 

Enter la passion objective, l'âge de raison.

Ce matin, j'ai sept ans. L'âge de raison, dit-on. 

Plus besoin de se jeter à fond dans le grand bain. Je sais que je sais nager. Je n'ai plus besoin de me le prouver. L'exigence de la découverte a perdu son attrait. Il est maintenant temps de travailler cette écriture. Dans le calme et la raison. Prendre le temps de puiser ce qui vient, ce qui revient, départie de l'importunité de la passion objective, celle qui soumet et dirige.

Il est temps de faire place à la passion subjective. D'en jouir. De la laisser s'épanouir.

© Simone Rinzler | 29 mai 2016 - Tous droits réservés 

Ailleurs ou À L'Atelier de L'Espère-Luette





5/24/2016

4 #EB : Écrire du Bien : Écrire du Bien, c'est un acte de résistance.Résistance à la bêtise, résistance à la méchanceté, résistance à lavacuité des conversations convenues. C'est résister à l'air du tempsmauvais.

4 #EB : Écrire du Bien : Écrire du Bien, c'est un acte de résistance. Résistance à la bêtise, résistance à la méchanceté, résistance à la vacuité des conversations convenues. C'est résister à l'air du temps mauvais.

Écrire du Bien, c'est un acte de résistance. Résistance à la bêtise, résistance à la méchanceté, résistance à la vacuité des conversations convenues. C'est résister à l'air du temps mauvais.

Écrire du Bien, c'est lutter contre le marmonnement de mécontentement, mettre de la couleur dans sa vie, résister au temps glaciaire de l'ère. 

Écrire du Bien, c'est un engagement. 

Écrire du Bien, c'est politique.

Écrire du Bien, c'est une réaction, épidermique, endémique, une éthique. Et toc !

Écrire du Bien, c'est réparer les morts-vivants, donner espoir en l'humanité, chercher la petite bête qui rend heureux, c'est cesser de critiquer, cesser de commenter. 

Écrire du Bien, c'est agir sur le monde. En langage. Par le langage. En tant que Sujet, Sujet ressentant et Sujet pensant.

Écrire du Bien, c'est croire en l'effet-monde du langage.

Écrire du Bien, c'est croire en l'effet-langage du monde.

Tu m'expliques ? Parce que là, ça devient un peu sombre ton histoire...

Oh ! Ce n'est pas une histoire. Je n'aime pas les histoires. Je ne suis pas une fille à histoires. Je suis une fille d'action. Je m'engage. Je passe avant de trépasser. C'est important de ne pas faire que passer, passer par-là, sans rien faire, comme ça, pour Rien, parce qu'il a de la lumière, parce qu'on aime se promener. 

Bien sûr qu'on aime se promener, qu'on aime passer, par ici, et puis par là, passer parce qu'il y a de la lumière, de la chaleur humaine, qu'on aime activer ses jambes et que ça fait du bien de se promener sans se hâter. 

Il n'y a pas de lieu de se hâter. 

Passer, regarder, humer, sentir, ressentir. Prendre le temps de passer, de regarder, de humer, de sentir, de ressentir. Puis repartir. Non sans avoir passé. Passé son envie d'aimer sa vie, passé son goût de ne pas se lamenter, fêté son retour à la vie simple, facile, heureuse. 
Compter ses bonheurs, ses joies jusqu'à en oublier ses peines, ses craintes, ses angoisses. Se bien traiter. Se faire du Bien. Semer du Bien.

Le politique serait toujours agressif ?

Que nenni !

Le politique, c'est l'Agir. L'Agir bien. L'Agir Juste. L'Agir selon son cœur, selon son corps, selon son esprit. C'est penser à, non pas ses cinq sens, non, mais bien ses six sens, réunis : le goût, l'odorat, la vue, l'ouïe, le toucher et l'intellect aussi. Le sixième sens, oh non, ce n'est pas le pressentiment. Celui-ci dérive du déjà-connu. Ce n'est pas un sens, comme le dit le langage communément répandu, c'est un réflexe, un réflexe acquis, un apprentissage intériorisé comme une seconde nature (Daniel Kahneman), mais la nature n'y est pour rien. C'est l'apprentissage de la vie qui laisse sa trace. C'est l'apprentissage oublié qui se manifeste. Ce n'est pas un sens.

Ce qui est un sens, en revanche, c'est l'intellect. C'est faire marcher son intelligence pour son bien, pour celui des autres. C'est refuser de séparer les cinq sens traditionnels de la marche du cerveau. C'est accueillir la reflexion, la provoquer. C'est tracer un chemin avec ses cinq sens et son cerveau. C'est vivre de ses six sens : goûter, sentir, voir, entendre, toucher, penser. C'est équilibrer ses six sens, sans jamais laisser l'un prendre le pas sur l'autre. C'est harmoniser réflexion, sentiments, sensations, ressentis. C'est croire à ce que l'on goûte, croire à ce que l'on sent, croire à ce que l'on voit, croire à ce que l'on entend, croire en ce que l'on touche, croire en ce que l'on pense et prendre le temps de penser ce qui ne semble pas aller de soi, ce qui ne semble pas être en harmonie, ce qui se choque, ce qui dissone, ce qui bringuebale, mais qui toujours-déjà avance, rarement en ligne droite.

C'est constater que le langage a un effet sur le monde et que le monde a un effet sur le langage

C'est cela, l'effet-monde du langage (Barbara Cassin) et l'effet-langage du monde (Simone Rinzler). Il faut croire en les deux pour pouvoir écrire du Bien.

Il n'est pas difficile de constater que le langage façonne notre « vision », métaphorique, du monde, que dans telle ou telle langue, tel mot semblant « manquant » empêche la survenue quasi spontanée de certaines idées, quand celles-ci s'expriment couramment autrement, dans une autre langue, dans une autre « vision » du monde, dans une autre civilisation, pas nécessairement lointaine. 

Il n'est pas difficile non plus de constater que malgré les « mots manquants », on a toujours pu tout exprimer, dans n'importe quelle langue. Il n'y a pas de langue supérieure et des langues inférieures. Il y a des langues de vainqueurs, anciens ou nouveaux et des langues de vaincus, anciens ou nouveaux aussi. 

Le langage n'est pas une compétition. 

Le langage façonne notre monde. C'est son effet-monde (Cassin).

Certes.

Nous façonnons aussi notre monde par notre usage du langage. Nous façonnons notre monde en actes. Et en langage aussi. Nous le façonnons alors en « Actes de langage » ou « Speech Acts ». 

Nous sommes responsables de nos actes de langage comme de nos actes. Ils sont notre trace, la trace de notre passage dans le monde. Il sont l'émanation de notre être, l'émanation de notre « Être-au-monde », de la manière dont nous sommes au monde, dans le monde, en tant que Sujet, Sujet pensant et Sujet sentant, ressentant, avec nos six sens : les cinq sens corporels, que nous partageons avec nombre d'animaux et ce que j'appelle, pour l'être humain, le premier sens, le sens de l'intellect

Le sens de l'intellect est le sens primordial du sujet doté du langage. 

Si l'être humain possède les cinq sens, il maîtrise aussi ce que l'on appelle le « langage articulé », distinction subtile dont l'adjectif articulé désigne la capacité, autre qu'animale, de s'exprimer, de penser, de parler, (voire d'écrire et de lire pour les civilisations de l'écrit), d'envisager l'avenir, le non-réel, le non advenu et l'hypothétique. Cette fonction du langage articulé est l'apanage de la condition humaine.

Par le langage, par sa maîtrise — et ce, qu'elle soit bonne en termes de « correction » linguistique ou non — l'être humain à la capacité de changer le monde, de rêver le monde, de repenser au passé, d'envisager ce qui est « à venir », ce qui n'est encore pas, ce qui n'a jamais été et ne sera jamais, d'inventer des histoires, la capacité de façonner le monde par ses  « Actes de langage » ou « Speech Acts ».

Alors, oui, Écrire du Bien est un acte politique, un acte de résistance, un acte d'être humain, un acte d'humanité.

Un acte pour façonner le monde à sa guise, en direction de ce qui fait du Bien, de ce qui est Bien au sens de ce qui est, non pas le contraire du Mal, mais de ce qui est Juste.

Juste. Écrire du Bien.

Écrire du Juste.

Juste écrire.

Écrire juste.

Voilà pourquoi je ne sais pas raconter d'histoires. Entre autres.

La recherche de la Justesse ne m'est, pour l'instant seulement peut-être, pas compatible avec le tissage d'une histoire. 

Il faut savoir attendre.

© Simone Rinzler | 24 mai 2016 - Tous droits réservés
(Texte susceptible de subir des modifications après relecture)

L'atelier de la pensée est revenu À L'Atelier de L'Espère-Luette





5/19/2016

3 #EB Écrire du Bien : Écrire du Bien toucha sa fin. L'envie d'écrire en silence a pris le dessus. Remplacée par l'envie de tracer les couleurs de la vie.

3 #EB Écrire du Bien : Écrire du Bien touche à sa fin. L'envie d'écrire en silence a pris le dessus. Remplacée par l'envie de tracer les couleurs de la vie.

Écrire du Bien touche à sa fin. L'envie d'écrire en silence a pris le dessus. Remplacée par l'envie de tracer les couleurs de la vie. Elle savait bien que si elle ouvrait sa boîte d'aquarelles tenue si longtemps fermée, elle mettrait en route une nouvelle chasse. La chasse aux couleurs. La chasse aux formes. La chasse au paysage. La chasse au monde silencieux auquel elle a toujours aspiré. 

Tracer son chemin dans l'eau, quelle drôle d'idée, n'est-ce pas ? Tracer la lumière au pinceau, étendre la couleur, la lumière, traquer la luminosité des jours, elle savait bien qu'un jour, elle y viendrait. Elle n'a rien décidé par avance. Le temps est venu seul, sans décision. C'était le moment de prendre le temps, de s'installer.

Poser une vieille nappe en plastique, bien propre, nettoyée de son humidité sur une grande moitié de la table de la cuisine, lieu de tous les ateliers d'intérieur. Sortir les godets mal emballés d'une boîte pour débutant qui ne se referme pas. Tester les pinceaux pour se rendre compte qu'aucun n'a vraiment de pointe et que c'est par là qu'il faudra commencer les achats pour faire un travail convenable.

Se documenter sur l'aquarelle dans ses livres, puis dans des vidéos du Grand Réseau. Se promener à vélo en terrain plat, sans se fatiguer, en regardant les détails, les scènes possibles. Observer les ombres et les clartés, les changements de couleur d'un même talus, d'une route goudronnée. Voir que le relief est suivi par l'ombre, comme le disent les manuels. Repérer comment peindre un talus de bord de route, avec ses creux et ses remontées. Voir le talus se fondre dans la grande haie d'arbres en bord de chemin. Être déjà au chevalet symbolique pendant la promenade à Pégase Électrique. Lire peinture. Penser peinture, voir peinture. Changer ses sujets de reflexion, insensiblement. Passer de l'écriture à la peinture par quelques essais d'apprivoisement de la lumière à l'aquarelle.

Se réveiller avec l'idée de peindre, non plus à la gouache, mais à l'aquarelle un vitrail. Chercher le sujet du vitrail, le médium pour en dessiner les gros traits au plomb.

Découvrir que l'aquarelle est la meilleure des thérapies pour se délester du besoin de contrôler le monde qui entoure, pour accepter que ce qui se fera se fera, apprendre à modifier légèrement en prenant en compte les caprices de l'eau, des pigments, du papier et la maladresse de la débutante.

Ne plus pouvoir lire ni écrire. Penser aquarelle, penser composition, penser remplissage, penser ouvertures libres. 

Même processus que celui de l'écriture.

Non plus écrire le Bien.

Tracer le Bien.

Au pinceau.

Sans un mot.

Emplir le silence de sa trace, adapter la trace nouvelle à la trace ancienne, harmoniser, chercher le rythme des couleurs, se perdre inutilement dans les détails. L'aquarelle est un art de la suggestion. Résister à son envie de détail. Observer comment les détails se fondent dans l'eau. S'émerveiller de sa production. Mesurer ce qui doit encore être amélioré. Passer la semaine à penser en peintre et non plus en écrivain. Rester artiste de sa vie. Coloriste de sa vie. Traceuse de traces sur papier.

Laisser sécher.

Sécher sur l'écriture du Bien. Le tour de la question a été fait. Sentir qu'il est temps de passer à autre chose. L'écrire. Écrire en peintre. Écrire la vie à l'aquarelle. Rendre compte d'une vie aquarelle

Lumineuse.

Aérienne.

Douce.

Se sentir bien.

Tracer le Bien.

C'est bien.

Ça fait du bien.

Le silence de la paix intérieure.

Repenser au chant.

Le chant choral, activité silencieuse s'il en est. Personne ne parle en chantant. Harmonie du silence des conversations. Harmonie des notes, des touches, des couleurs vocales.

Écrire les touches, les harmonies, les couleurs, la chaleur et la liberté de créer, de s'émerveiller, de se faire du Bien indifféremment du temps qu'il fait. Tenir le Point. Le Point de l'Art. Le Point de l'Amour. 

Constater que peu importe le moyen, l'effet recherché est toujours le même. Apaiser un cœur prompt à l'agitation, chercher le moyen, les moyens. Au fil du temps, s'apercevoir que n'importe lequel parmi ceux qui tentent est celui qui va bien, pour l'instant, pour le moment. Se rendre compte que le choix est toujours un choix du sensible. 

Tracer le sensible pour supporter l'insupportable, pour se sentir bien.

Et écrire.

Encore.

Toujours.

© Simone Rinzler | 19 mai 2016 - Tous droits réservés 

Comprendre sa résistance à être publiée, pour être toujours-déjà dans la prochaine œuvre À L'Atelier de L'Espère-Luette


5/11/2016

2 #EB Écrire du Bien : Écrire du Bien. Que veut dire cette expression ? Est-ce bien ?

2 #EB Écrire du Bien : Écrire du Bien. Que veut dire cette expression ? Est-ce bien ?

Écrire du Bien. Que veut dire cette expression ? Est-ce bien ?

Écrire du Bien, ça ne veut rien dire. Ça ne veut dire que ce l'on veut. Ce que l'on veut, c'est se faire du Bien. Faire du Bien. Faire le Bien. Ce qui est Juste Bien. Bien pour Soi. Bien pour Les Autres. C'est sentir que c'est Bon. Bon pour Soi. Bon pour Les Autres.

Écrire du Bien, c'est refuser le Mal. Refuser d'écrire du Mal. Refuser le Mal. Se construire Son Cocon, bien, bien bon. Bien pour Soi. Bon pour Soi. Bien pour Les Autres. Bon pour Les Autres.

C'est Résister À L'Air DuTemps, À L'Aire Du Mal, L'Ère De La Critique Négative Destructrice. C'est chercher sans relâche ce qui fait du Bien. Pour Tenir. Pour Soi. Pour Les Autres.

C'est convoquer la douceur d'être où elle se trouve, la chercher, fouiller et farfouiller, quoiqu'il arrive. Pour Soi. Pour Les Autres.

C'est refuser de céder sur son désir. De plénitude. De calme. De tranquillité.

C'est se donner Le Mal De Chercher, sans se faire mal. Ni à Soi, Ni Aux Autres.

C'est éveiller la gentillesse, la bonté, s'ouvrir au monde de ses rêves, le rendre réel.

C'est un acte politique invisible. La bonté, la générosité, la douceur sont des objectifs politiques invisibles. Une revendication muette qui ne se dit pas. Qui se fait. Dans les faits. Au Jour Le Jour.

Commencer par Se faire du Bien. Pour Soi. Puis, dans la foulée, Pour Les Autres.

C'est offrir ce que l'on a de Bien, de Bon. Pour Soi. Puis Pour Les Autres.

C'est ne pas s'arrêter quand cela devient plus difficile, quand arrivent tourmentes et tourments. C'est maintenir sa quête, toute son existence. Savoir se faire du Bien. Pouvoir en transmettre un petit bout aux autres. Prêter le flanc au bonheur.

C'est refuser la colère, l'énervement. C'est apprendre à contrôler ses frustrations, ses élans mauvais, faire savoir ce à quoi l'on tient, sans trépigner. Avec aplomb. Sans méchanceté. Avec constance.

Constance du BIen. Constance de la Douceur. Pour soi. Pour Les Siens. Pour Les Autres.

C'est tout cela, écrire le bien.

Si tu savais comme ça fait du bien.

© Simone Rinzler | 14 mai 2016 - Tous droits réservés 

La Constance De La Douceur s'enracine À L'Atelier de L'Espère-Luette




5/09/2016

1 #EB Écrire du bien : Écrire pour se faire du bien. Il n'y a pas demal, tu le sais bien.

1 #EB Écrire du bien : Écrire pour se faire du bien. Il n'y a pas de mal, tu le sais bien.


Écrire pour se faire du bien. Il n'y a pas de mal, tu le sais bien. 

- Bien sûr que je le sais !

- Alors, pourquoi tu ne le faisais pas, avant ?

- ...

Réflexion. Un long moment.

C'est difficile à dire, et surtout difficile à croire. Je croyais qu'il fallait se donner du mal. Pas se faire du mal, non, bien sûr ! Il ne faut tout de même pas pousser le masochisme aussi loin. Mais je croyais, enfin, je pensais, ou plutôt, je ne pensais pas et donc je croyais, comme on croit à une croyance répandue qui ne se conteste jamais, je croyais qu'il fallait se donner du mal, un mal de chien pour écrire.

Mais ! Mais !...

Écrire m'a toujours été naturel ! Ou presque. C'est devenu une seconde nature, depuis le temps que tu écris.

Alors ?

Pourquoi donc se donner tant de mal ?

Ah !... Cela va être difficile à expliquer. 

Non pas parce que c'est difficile, mais parce que tu es en train d'aller au fond d'une de tes croyances, au fond de ton  impensé qui t'a rendu la vie bien plus difficile qu'elle n'était en réalité. Et tu sais bien qu'une fois que l'on commence à questionner ses croyances, universellement admises au point de devenir invisibles, on finit de croire, on finit par ne plus croire. On est. On est Sujet pensant. On advient comme Sujet. On n'est plus l'Objet de Rien. On se sent Bien.

C'est vrai. Écrire ne m'est pas difficile. 

J'écris comme je respire. 

Je respire quand j'écris. 

J'aime écrire. Comme j'aime respirer. C'est tout. Cela m'est indispensable. J'aime questionner le réel, la vie. J'aime en rendre compte. 

Peut-être pour laisser ma trace ? Peut-être bien. Un peu. 

Mais pas nécessairement une trace indélébile. 
Ça, c'est débile. 
Tu le sais bien. 

Bien sûr que je le sais bien !

C'est même ce que j'ai toujours accepté quand j'enseignais. 

Je pensais que l'enseignant devait avoir la modestie de s'effacer tout en laissant une trace, à peine visible, mais pérenne, une trace qui se suit à la trace, la trace d'un humain qui vous fait du bien en s'intéressant à vous, en donnant ce qu'il a de meilleur à donner, sans attendre en retour. 

Mais bien content quand le retour se faisait bien, bien sûr. 

Et il se faisait, ce retour, 
Plus souvent qu'à son tour. 
Juste assez pour avoir envie de continuer. 

Sauf peut-être vers la fin, la grande fin des fins, quand tout a commencé à basculer et que se préparait ce que je ne connaissais pas encore. 

Mais l'heure n'est plus aux jérémiades passées. 

Tout va bien maintenant. 

L'air est à la détente, la vraie. 

La détente d'une vie de labeur, d'une vie de labour, de sillons tracés dans la glaise lourde du temps.

Tu te rêvais écrivain. Tu écris. Tu es bien. 

Tu donnes à qui veut recevoir. Tu n'es plus contrainte de donner à qui ne souhaite rien recevoir. Tu es libérée de tes chaînes du travail. Tu as accepté ta retraite, ton âge, demain 62 ans, une bien belle jeune vieille. 

Tu es contente. 

Voilà, c'est ça. 

Tu peux dire, comme le disaient tes amis Allemands : Ich bin zufrieden. Ich freue mich... 

Tu as remarqué comme en français, ça semble étrange ? Étrange. Étranger, même.  
Le sentiment de réjouissance est un sentiment absent de la culture française.
C'est pour cela, très certainement, que tu avais ressenti le besoin d'aller voir ailleurs. 

C'est dans l'anglais et l'allemand que tu l'avais trouvé, ce sentiment de réjouissance, étranger à ta culture de Française francophone . Ce n'est pas tant dans la langue elle-même que tu l'as trouvé, ce sentiment de réjouissante étrangeté. La langue, les langues, tu les aimais car tu aimais les sons étrangers, musicienne que tu étais sans le savoir encore. Les langues et le langage n'ont rien à voir avec cela. 

La réjouissance, ce n'est pas la langue qui la procure. 

On peut se réjouir en n'importe quelle langue. 

En revanche, c'est le contexte culturel d'une langue qui affecte celle-ci, tout comme la langue peut donner une impression qui ne provient pas que d'elle, mais d'une multiplicité de facteurs langagiers et non-langagiers. 

Tu as aimé ce sentiment étrange et étranger à ton pays, ton éducation. 

Le Sentiment De Réjouissance

La réjouissance est tellement peu française que tu ressens comme un manque linguistique. 

Dire Je suis contente, Je suis ravie, je suis satisfaite te donne l'impression d'une perte de sens. Cette perte de sens provient de ta découverte de la réjouissante étrangeté de la langue étrangère, des langues, étrangères à ton nid de naissance. 

Ce n'est pas tant que la langue française ne puisse pas te permettre de dire Je suis heureuse ! Je suis heureux ! Je suis content, je suis contente que la manière dont l'incongruité du propos résonne aux oreilles françaises. Le sentiment n'est pas lié à la langue française, mais à la culture dans laquelle elle s'est développée et se développe en France, loin d'être le seul pays francophone au monde

Langues et cultures sont tellement imbriqués que l'on s'est habitués à tout mélanger, sans distinguer ce qui est possible ou impossible. 

N'importe quelle langue peut tout dire. Absolument tout. Quitte à faire un détour, faute de mot ou de tournure grammaticale adéquate. 

Seul le contexte culturel permet l'émergence ou l'étouffement d'une pensée qui sort de l'ordinaire, de la banalité du quotidien, de la banalité du langage commun.

C'est cette acceptation des pays anglo-saxons, bien davantage que leur langue, que tu as tant aimée.

Tu as aimé le calme germanique, la douce folie britannique et le fond de l'air américain, béatement positif, comme un air de liberté. 

Tu aimes la satisfaction, largement protestante - et juive aussi, d'ailleurs - de se dire que l'on est content de ce que l'on fait, de ce que l'on a fait, de ce que l'on fera, loin de la contrition forcée et de l'empêchement de jouir des jours, de jouir des nuits des catholiques romains et du fond culturel français.

Tu n'aimes pas le regarde forcé sur le Mal, sur le Passé, sur le Mal Que Tu Aurais Fait Dans Le Passé qu'impose la culture dont tu es issue et dans laquelle tu te sens bien aussi, parce que c'est aussi chez toi.

Mais, comme chez toi, tu peux aménager ce qui ne te plait pas, jeter ce qui ne te satisfait pas, réorganiser pour voir, regarder et profiter de ce que tu aimes bien.

Cette liberté-là, tu l'as gagnée en cessant de travailler à la transmission d'un idéal qui fut le tien pendant toute ta vie salariée au service des Petits et Grands Enfants de la République.

Tu aimes la satisfaction aussi de ne pas se plaindre tout le temps et d'apprécier ce qui est bien, ce qui vient, comme ça vient. 

Comme tout cela te manquait dans ton environnement francophone et français d'antan. 

Mais ce n'est pas le cas dans l'environnement familial actuel, celui que tu t'es construit, peu à peu, de jour en jour et de nuit en nuit. Quoique français, ton mari, ton ami, ton amant est toujours content.
Il se réjouit de ce qui est bien. 

Cela te fait tant de bien.

Sans y penser, tu sais que tu peux toujours retomber, bien trop facilement dans l'insatisfaction, par inadvertance. 

On ne change pas son environnement culturel en entier. 

Jamais. 

Il nous imprègne.

Alors, comme pour cultiver son amour comme on cultive son jardin, avec attention, patience et bel arrosage à profusion, tu cultives la satisfaction. Tu te désimprègnes des réflexes acquis non réfléchis, tu tentes de penser tes impensés, tu t'entraînes à de nouveaux réflexes, de nouvelles habitudes, de nouvelles attitudes. 

Ton monde s'en trouve changé, même si aux alentours, rien ne semble encore vouloir changer.

Alors, tu cultives, tu jardines, tu fais pousser de la satisfaction en jardinières, en pleine terre, et même en bouquets.

Ce n'est pas naturel ? 

Pas plus que de se plaindre à longueur de journée, de ressasser à s'en lasser.
Oui, c'est factice, ce n'est pas naturel. Et puis quoi, encore ? Ce ne serait pas bio ?
Mais, bien sûr que si !
Jamais rien vu qui ne soit aussi bio, aussi naturel, que se faire plaisir et irradier de bonheur, fabriqué, cultivé, patiemment, abondamment arrosé de rosée volontaire, recueillie comme une douce pluie.

C'est bien vrai qu'il y existe de la Satisfaction Naturelle. Comme les fleurs des champs, les petites Fleurs de Rien qui ne se cultivent et pas et apparaissent ici et là, au regard de qui veut bien les regarder.

Mais cela ne suffit pas.

La Satisfaction, c'est comme l'Amour, comme l'Amitié. Ça se cultive.

Il faut apprendre à se forcer, comme, enfant ou jeune adulte, on apprend à goûter de nouveaux plats, des goûts inconnus et même, à les aimer, parfois au prix d'un apprentissage pas du tout naturel. Il faut parfois se faire violence, violenter son confort et son envie de ne s'en tenir qu'à ce que l'on aime vraiment bien. Et combien de fois ne se rend-on pas compte que l'effort en valait la peine ? 

Camembert puant, âpre roquefort, cantal au goût de vache, à l'odeur doucereuse d'étable, acides citrons et amers chicons, premier sucré-salé soulevant le cœur, nous avons tous ces souvenirs de ces choses que nous avons apprises à aimer après avoir ressenti un premier réflexe de dégoût. 

La langue et la culture ne font pas exception à cette règle de L'Habitude Acquise. Il faut se forcer pour aimer. Puis cultiver ce et ceux que l'on aime.

Pour en garder le goût.

Saveur pérenne de la réjouissance cultivée.

Douceur de l'écriture facile.

Apprise.

Seconde nature.

Naturellement belle.

[Attention, fabriqué dans un environnement francophone français. Peut contenir quelques traces de masochisme et de colère rentrée. En cas d'allergie au bonheur, prévenir le Centre des Antis et des Poisons. Merci de lire les Conditions Générales d'Utilisation. La maison décline toute responsabilité en cas d'abus de bonheur altruiste involontaire.]

© Simone Rinzler | 9 mai 2016 - Tous droits réservés 

La Réjouissante Étrangeté De La Satisfaction Bienheureuse S'Épanouit Au Jardin d'Épicure Face À L'Atelier de L'Espère-Luette