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4/05/2016

16 #CPR Carnets de Petits Riens : Tu sais que tu peux aussi tefabriquer des Petits Riens Impérissables Ou Presque ? Ce sont de ToutsPetits Riens. Des Petits Objets Souvenirs Vendus Aux Touristes. Maispas n'importe lesquels.

16 #CPR Carnets de Petits Riens : Tu sais que tu peux aussi te fabriquer des Petits Riens Impérissables Ou Presque ? Ce sont de Touts Petits Riens. Des Petits Objets Souvenirs Vendus Aux Touristes. Mais pas n'importe lesquels.


Tu sais que tu peux aussi te fabriquer des Petits Riens Impérissables Ou Presque ? Ce sont de Touts Petits Riens. Des Petits Objets Souvenirs Vendus Aux Touristes. Mais pas n'importe lesquels. Ces Petits Riens-Là, il faut très bien les choisir pour qu'ils soient vraiment bien. Sans ironie. Sans recul. Sans faux-semblants. Sans la distance que procure La Passion Du Kitsch. Il faut choisir ceux qui éveillent vraiment quelque chose en toi. Vraiment. Sans distance. Sans jugement. Juste une sorte de pulsion, quasi irrépressible et que tu as appris pendant toutes ces années à réprimer, pour ne pas avoir l'air bête, pour ne pas paraître infantile, pour te faire plus grosse, non pas que le bœuf, mais que tu n'es en vérité, au plus profond de toi.

Un objet qui fait vibrer quelque corde sensible dont tu n'as pas la raison, qui évoque un souvenir perdu, un souvenir peut-être jamais eu, peut-être refusé, au nom de « Tu es Grande, maintenant ! » ou de « Ils ne savent vraiment plus quoi inventer avec leurs merdes à touristes ! », au nom de « Je suis un être rationnel et intelligent, je ne vais tout de même pas m'abaisser à ça ! ».

Figure-toi que j'étais en voyage très, très loin, il n'y a pas si longtemps. J'ai déjà dit que j'avais fait le choix de tourister sans photographier, une expérience que je suis prête à recommencer. 

C'est ce que je faisais autrefois. 

Je voyageais sans photographier et nous achetions alors les cartes postales les plus belles prises par des professionnels bien meilleurs que nous. Et, à l'époque, comme les photographies étaient tirées sur papier, cela nous revenait beaucoup moins cher que de prendre nous-mêmes les photos des paysages, des monuments, des scènes de rue (qui n'étaient encore guère prisées), des spectacles de danse, des événements folkloriques typiques de l'endroit.

En ce temps-là, nous étions présents au voyage. Certes, comme nous n'en avons pas pris de clichés et que notre mémoire s'est entraînée à ne retenir que l'ultra-nécessaire, à savoir que nous avons eu une belle vie, Nous Ne Nous Souvenons De Rien De Tout Cela, faute de rappel récurrent à notre mémoire. Nous sommes sans mémoire des instants, des Petits Riens Du Temps Passé. Tout ce dont nous nous souvenons, c'est que C'Était Bien, et que, même si c'est très différent maintenant - et on ne saurait dire en quoi - c'est toujours aussi bien, mais que c'est très sûrement différent. En quoi, nous ne saurions dire, ni l'un, l'autre, pour des raisons probablement différentes pour l'un et l'autre probablement. Mais nous nous en moquons. Nous savons, ou plutôt, je sais, que nous avons eu Tout Plein De Petits Riens Et Que C'Était Bien, et nous savons, ou plutôt je sais, que nous aurons encore Tout Plein De Petits Riens Et Que Ce Sera Bien.

Le Petit Rien D'Aujourdhui, c'est à peine un Petit Rien À Partager. C'est que je n'ai pas été obligée de m'affaler dans mon lit au beau milieu du déjeuner, ni même à la fin, que je me suis fait belle dès le matin, même si je ne me suis pas maquillée et que mes cheveux auraient besoin d'être ravivés. C'est que Les Petits Riens De C'Est La Faute Aux Hormones, Simone ! sont en train de se terminer et que la bête reprend du poil de la bête. Pour toi, ce n'est Rien, mais pour moi, Ce N'Est Qu'Un Tout Petit Rien Qui Me Change La Vie. Et qui change ma vision du monde. Aujourd'hui, grâce à ce Tout Petit Rien Qui N'Est Rien Pour Toi, Mais Qui Est Tout Pour Moi, je reprends goût à la position Debout.

Alors forcément, Mes Petits Riens ne peuvent plus être les mêmes que lorsque j'étais clouée au lit, faible, affaiblie et faiblissante.

Mais avant d'être prise par Les Petits Riens Du Lit Inévitable, je me fabriquais déjà des Petits Riens, un peu factices, un peu aidés par le commerce.

Mais quoi ? Faudrait-il faire semblant de vivre autrement que l'on vit ? 

Ce serait manquer de beaucoup de recul sur ce qui fait un humain.

Unique. Complexe. Simple.

Car Les Petits Riens n'ont pas commencé au lit, sous le joug d'une nouvelle attaque de défaillance thyroïdienne. Ils ont commencé en voyage. En Inde. Au pays des Palais. Au Pays des Maharadjahs. Au Rajasthan. Et dans la Province de l'Uttar Pradesh. Dans le Pays d'Arundhati Roy, l'écrivaine d'un seul roman, Le Dieu des Petits Riens, celle que l'on avait comparée alors à l'inventeur du « Grand Roman Indien » avec Les Enfants de Minuit. Et dans le pays où avaient vécus le souvenir de Somerset Maugham dans les premières pages de Half a Life du Prix Nobel de Littérature V.S. Naipaul. Un souvenir de mes Petits Riens D'Avant, quand sous prétexte d'enseigner la bien sèche linguistique, je me faisais Passeur De Littérature Et De Cinéma. Mes Petits Riens D'Avant, l'étincelle dans les yeux des étudiants.

Prendant ce voyage, je ne prenais peut-être pas de photos, peut-être étais-je affaiblie par une énorme bronchite commençante, mais mon cerveau avait travaillé de Petits Riens Littéraires en Petits Riens Littéraires, jusqu'à arriver à ces Carnets de Petits Riens Dont Le Titre N'est Pas Rien.

Tout cela parce que je me suis acheté, Pour Moi, Et Pour Moi Seule, Ma Première Boule À Neige Qui Est En Vérité Une Boule À Paillettes Argentées Du Taj Mahal.

Quand il ne se passe Rien, il me suffit de la secouer, de la retourner, de la shaker Un Grand Coup, Indian Shake ! et Tout Mon Petit Monde Magique Apparaît.

Et tout de suite me revient le regard ébloui de La Petite Fille, Ma Petite-Fille & Ma Petite-Fille, la première fois que chacune d'entre elles a découvert cette beauté Encore Plus belle que Le Taj Mahal Lui-Même. Les Paillettes Dans La Boule. Les Paillettes Dans Les Yeux. Les Leurs. Et, je le sens, Les Miens.

Avant de clore ce texte, je plonge mon regard dans Ma Boule De Petits Riens. Les Paillettes sont éparpillées au sol. Il me suffit d'un geste pour animer le bonheur. Je ne vois pas un affreux souvenir en plastique pour touriste débile. Oui. Si j'y pense bien... Eh bien... Toute ma vie est dans Ma Boule Magique.

Ma Boule À Petits Riens.

Fabriqués.

Engrangés.

Collectionnés.

Et demain, je te parlerai peut-être, si tu es sage, de La Chasse Échevelée A La Poursuite De La Vraie Minuscule Fontaine En Laiton Qui Fait Vraiment Couler De L'Eau Quand Tu actionnes La Pompe, un autre souvenir miniature qui nous a fait courir au petit trot, échevelés, en sueur, riant comme des enfants, jusqu'en haut d'un fort indien, face à un magnifique Temple Jaïn. Un Petit Rien. Toujours sous ma main. Et devant mes yeux, quand j'écris à la cuisine.

Et C'Était Bien.

Tu verras bien.

Demain.

Et Ce Sera Bien.

Quel que soit Le Petit Rien.

Peut-être même qu'il n'y en aura Aucun.

Qui sait ?

Pas Moi, en tous cas !

© Simone Rinzler | 5 avril 2016 - Tous droits réservés 

Il Pleut de Jolies Paillettes de Petits Riens À L'Atelier de L'Espère-Luette


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