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9/29/2015

#14CR Carnets de retraite : Je m'interroge depuis plusieurs jours.

Je m'interroge depuis plusieurs jours...

Je m'interroge depuis plusieurs jours sur le bien-fondé d'un carnet de retraite tel que celui-ci est en train de prendre tournure.

Carnet de retraite morne, de peu d'intérêt, de qualité littéraire médiocre.

Hé ! Quoi ? Seul le malheur, le désespoir ou la misère noire ferait littérature ?

La joie ne pourrait être littéraire ?

Tu m'étonnes qu’après cela, nombreux soient ceux qui s'en détournent...

Ma plume n'est pas moins bonne lorsque je goûte la vie. Elle peut te sembler plus monotone, à toi qui cultives ton attrait mélancolique pour le lugubre, le torturé, le questionnement.

Mais il n'a jamais été présupposé que le questionnement n'intervenait que dans les moments de grands doutes. 

Ce qui fait la différence, du moins me semble-t-il, tient au fait que lorsque l'on a plaisir à vivre, on ne se force pas à s'installer à son écritoire électronique ou à annoter son petit carnet de pensées. Rien ne nous pousse à exprimer ce qui ne veut, ce qui ne peut, ce qui doit sortir. Il y a là un biais de pensée.

Je repense à ce qui avait été un de mes objectifs lorsque j'avais rédigé la première version du roman que j'ai écrit au début de l'année civile. J'étais partie d'une interrogation qui remontait à quelques années déjà. J'avais lu qu'un philosophe, dont le nom m'a malencontreusement échappé depuis longtemps, avait déclaré que le bonheur ne pouvait se raconter au présent. Dès lors, quelque chose titilla ce que j'ai souvent pris pour mon esprit de contradiction, alors que je n'avais qu'un esprit bien fait, qui aimait à s'interroger sur le monde, les gens, les choses, et surtout, surtout, les idées reçues.

Ce qui m'anime ici n'est donc pas l'esprit de contradiction pour le plaisir de la contradiction, pour l'envie de contredire l'autre, mais le désir de me mettre au défi de vérifier, non pas la fausseté de cette affirmation, mais de vérifier qu'il était juste de pouvoir penser et montrer, démontrer le contraire. Non par la théorie. Mais par la pratique.

C'est en écrivant mon ébauche de roman (qui repose encore - Paix à ses cendres provisoires - dans les entrailles de mes ordinateurs) que je me suis mise ce défi en tête.

Une sorte de petit miracle arriva. Le désir d'écrire céda la place au plaisir d'écrire. L'angoisse de la dépression céda le pas à la joie de faire une activité aimée, parfois désirée autrefois, souvent pratiquée dans le cadre de mon travail de chercheur, sur un mode totalement différent. Sans obligation. Sans évaluation. Sans pression.

Par pur désir.

Par pur plaisir.

C'est ainsi que, pas tout à fait tous les jours, mais bien fréquemment cependant, j'écris.

J'écris en mode absolu, en emploi absolu, selon mon ancien jargon universitaire de linguiste.

Je ne peux pas dire que j'écris un livre, que je rédige un roman, que je tiens un journal. Je ne sais pas ce que j'écris. Je ne sais pas ce que je fais, sinon que j'écris. Ce n'est pas à moi de le définir. J'écris. La littérature, je la vis. Je considère que ce que j'écris fait partie d'une démarche littéraire que je ne peux personnellement qualifier au moment (étendu) où je la pratique assidûment.

Je me suis inscrite dans une démarche littéraire. Je suis heureuse.

Cela devrait suffire pour contredire l'assertion du philosophe atrabilaire inconnu. Cela ne serait probablement pas suffisant pour un article universitaire dans lequel je m'imposerais de poursuivre le raisonnement jusqu'à la fin de ma démonstration. C'est amplement assez pour poursuivre ma démarche d'écriture. 

D'écriture littéraire. 

Puisque j'en ai décidé ainsi.

© Simone Rinzler | 29 septembre 2015 - Tous droits réservés 
[Posté sans relire. Des fautes subsistent peut-être. 
Seuls ceux qui n'écrivent jamais ne font jamais de fautes.]
[Addendum : J'ai repéré quelques coquilles. Il en reste encore, certainement. Excusez-moi. La vie m'attend.]
Parce que je le veux bien : L'écriture est littéraire À L'Atelier de L'Espère-Luette








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