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4/01/2023

Exaltante rencontre sur une appli de rencontre : Défi d'écriture - une nouvelle par mois

 EXALTANTE RENCONTRE

8 mars – 1er avril 2023

Swipe. Swipe. Swoosh ! Nos portraits auraient matché. Il m’aurait likée.

Depuis que je l’aurais vu, ce serait comme si j’étais devenue aveugle. Je ne verrais plus les autres. Je ne verrais plus que lui. Lui. Lui. Je me repaîtrais de son amour, de sa présence, de sa douceur. Plus rien ne compterait. Il remplacerait tout. Il serait devenu mon seul monde.

Je pourrais chanter toute la journée l’immense bonheur que je ressentirais à la seule pensée de son existence auprès de moi :

Seit ich ihn gesehen

Glaub ich blind zu sein.

Wo ich hin erblicke,

Seh’ ich ihn allein.

Même les jeux et les rires avec mes sœurs ne m’intéresseraient plus. Tout le reste m’ennuierait et m’accablerait. Plus rien n’aurait de couleur sans lui.

Quel sentiment merveilleux de sentir la douce fièvre d’amour qui réchaufferait mon cœur. Il serait si doux, si gentil. J’aimerais ses yeux. J’aimerais sa bouche. J’aimerais son esprit, résolu. Il serait le plus merveilleux que j’aurais jamais vu.

Er, der Herrlichste von allen,

          Wie so milde, wie so gut!                                

          Holde Lippen, klares Auge,

          Heller Sinn und fester Mut.

Hélas ! Jamais il ne voudrait de moi.

Sort cruel ! Je pourrais ainsi, pleurer jusqu’au tombeau, sans l’élu que j’aimerais.

Mais quoi ?

C’est moi qu’il aurait choisie parmi toutes les prétendantes ? Je n’arriverais pas à le croire. Je ne pourrais le concevoir. Je vivrais comme un rêve :

Ich kann's  nicht fassen, nicht glauben,

Es hat ein Traum mich berückt;

        Wie hätt er doch unter allen

        Mich Arme erhöht und beglückt?

Comment se ferait-il qu’il m’ait choisie, entre toutes ? Ce serait comme si je rêvais encore. Pourtant, il m’en aurait fait la promesse éternelle :

Mir war’s, er habe gesprochen:

„Ich bin auf ewig dein“—

Mir war’s—ich träume noch immer,

Es kann ja nimmer so sein.

Ce serait tellement incroyable. Je peinerais à y croire.

Vite ! Vite ! il me faudrait appeler mes sœurs. Partager avec elles la bonne nouvelle de mon âme exaltée. Leur faire connaître ma joie de le connaître, de l’avoir rencontré, de l’aimer. Le bonheur de savoir qu’il m’aimerait aussi. Qu’il me l’aurait dit, qu’il me l’aurait juré, se serait engagé pour la vie. Je ne tiendrais plus en place. Il faudrait que je le dise. Que je le crie. Que je le clame. Ce serait si agréable. Venez, venez ! Écoutez ! J’ai une grande nouvelle à vous annoncer ! Il m’aurait dit qu’il m’aimait. Nous serions fiancés. Vous regarderiez ce bel anneau d’alliance qu’il aurait mis à mon doigt ;

Du Ring an meinem Finger,

Mein goldenes Ringelein,

Ich drücke dich fromm an die Lippen,

Dich fromm an das Herze mein.

Je vous appellerais, mes sœurs, à venir m’aider à me préparer pour mon mariage, à ceindre la couronne de fleurs à mon front.

Helft mir, ihr Schwestern,

Freundlich mich schmücken,

Dient der Glücklichen heute mir,

Windet geschäftig

Mir um die Stirne

Noch der blühenden Myrte Zier.

Bientôt, l’enfant vivrait sous notre toit. J’en pleurerais de joie.

Süsser Freund, du blickest

Mich verwundert an,

Kannst es nicht begreifen,

Wie ich weinen kann;

Enfin, enfin, l’enfant serait né. Notre fille. Sur ma poitrine, elle réchaufferait mon cœur d’une volupté sans égale. Quelle joie ! Quelle joie !

An meinem Herzen, an meiner Brust,

Du meine Wonne, du meine Lust!

Das Glück ist die Liebe, die Lieb ist das Glück,

Ich hab’s gesagt und nehm’s nicht zurück.

Hélas, hélas, un tel bonheur ne pourrait durer. Toi, mon amour, homme adoré, tu m’aurais, pour la première fois, causé une douleur insoutenable :

Nun hast du mir den ersten Schmerz getan,

Der aber traf.

Du schläfst, du harter, unbarmherz’ger Mann,

Den Todesschlaf.

Allongé, les yeux fermés, tu dormirais, immobile, du sommeil de la mort.

Douleur ! Ô douleur ! 

Jamais, non jamais plus, je n’irai sur cette application de rencontre, Ô ma sœur !

© Simone Rinzler | 8 mars- 1er avril 2023 - Tous droits réservés

À L'Atelier de L'Espère-Luette

 

VIDEO :

Une belle surprise, une soprano expressive et son pianiste, excellent, filmés :

https://youtu.be/Ym9mHHsXvGI. Mezzo-soprano Jaime KORKOS and pianist Damien FRANKOEUR-KRZYZEK perform Robert Schumann's "Frauenliebe und Leben, op. 42" in recital in New England Conservatory's Jordan Hall, 27 March 2013.

 

PAROLES EN ALLEMAND ET TRADUCTION EN ANGLAIS :

Pour les paroles et leur traduction en anglais, l’ergonomie est un peu ennuyeuse, il faut cliquer sur chaque lied et changer de page. Mais c’est le seul site à peu près fiable. Cliquer ici : https://www.oxfordlieder.co.uk/song/273

 

TRADUCTION EN FRANÇAIS :

Rien de complet en français, hélas. Mais vous avez ma nouvelle qui reprend le thème des huit Lieder de Robert Schumann « Frauenliebe und -leben » (« L'Amour et la vie d'une femme ») en le modernisant un peu.

 

Cette nouvelle a été initialement postée sur le forum Zodiac Writing Challenge, 5ème édition 2023, Forum créé par Sturm, dans le cadre d'un défi d’écriture pendant un an : une nouvelle par mois portant sur un des thèmes choisis par les participants.