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6/16/2016

7 #EB Écrire du Bien : Aujourd'hui, je profite d'une journée pour moi toute seule. Après le déjeuner avec un de mes grands amis, je n'ai pas envie de rentrer immédiatement à la maison. Sans rien décider, je me promène, un peu au hasard.

7 #EB Écrire du Bien : Aujourd'hui, je profite d'une journée pour moi toute seule. Après le déjeuner avec un de mes grands amis, je n'ai pas envie de rentrer immédiatement à la maison. Sans rien décider, je me promène, un peu au hasard.

Aujourd'hui, je profite d'une journée pour moi toute seule. Après le déjeuner avec un de mes grands amis, je n'ai pas envie de rentrer immédiatement à la maison. Sans rien décider, je me promène, un peu au hasard. J'ai envie de marcher vite. La lenteur m'a quittée, je ne sais quand. Avant-hier déjà, lors de ma promenade à Pégase électrique, j'ai pédalé bien plus vite que d'habitude, laissant mon compagnon pédaler derrière moi dans le plate du sous-bois. L'énergie est revenue et avec elle, l'endurance. La lecture aussi est revenue.

Après ce joyeux déjeuner savoureux, il ne me reste plus qu'à arpenter la grande ville où je n'allais plus guère. Ma tête ne décide rien. Je me retrouve près d'un des lieux de mon enfance. J'y suis déjà repassé plusieurs fois ces dernières années. Mais aujourd'hui, la porte cochère est ouverte. Je pénètre dans la cour. Ma grand-mère habitait dans l'immeuble situé à gauche. Tout est méconnaissable, sauf la vue vers le ciel. La porte d'entrée de l'immeuble de gauche comporte un digicode. Un peintre voit que je veux rentrer. Il m'ouvre la porte. Je le remercie et ne peux m'empêcher de lui dire, que dis-je ?, de lui déclarer avec une sorte de plaisir fier que j'ai habité la autrefois, dans l'enfance. L'avoir dit me pousse à aller plus avant. Je ne me souviens plus si cette grand-mère-là habitait au 4ème ou au 5ème étage. Elle habitait sur le palier, côté gauche. À droite, habitait une demoiselle et son père. Mon oncle épousa la jeune fille du palier. Je connaissais donc les deux appartements. Les peintures ont été refaites. Le trou de la cage d'escalier est désormais bouché par un minuscule ascenseur. Je me souviens que je m'étais coincée la tête entre les barreaux de l'escalier. Les oreilles ne voulaient plus repasser dans l'autre sens. Je restai coincée là, sur ce palier, entre les deux appartements, jusqu'à ce que quelqu'un vienne me délivrer de ma curiosité enfantine. Je regarde le parquet de bois. Je ne le reconnais pas. Je fixe les lattes du plancher désormais vernissé. Peut-être reconnaîtrai-je l'étage ? Il me semble bien que c'était le 4ème. Je parie pour le 4ème, un peu au hasard. Tout ne peut pas revenir à la mémoire. Je continue à monter. Je me souviens, depuis toujours, qu'il y avait un passage plus haut qui permettait d'accéder à l'immeuble d'en face, celui situé à la droite dans la cour.

Je pousse la curiosité jusqu'à monter plus haut que le 5ème étage. L'immeuble st incroyablement haut. Parvenue au 8ème étage, il n'y a plus de palier mais un passage qui mène vers la droite. Je vais arriver sur le lieu d'un endroit que j'ai parfois retrouve dans les rares cauchemars. Je tourne. A droite, le couloir tourne à gauche. Je découvre une fenêtre donnât sur la cour pressa en face, et à gauche, la porte d'une petite chambre de bonne qui appartenait à ma famille ou, plutôt, était louée par elle. Malgré la peinture fraîche, le lie n'a pas changé. Je retrouve le lieu de mes cauchemars. Intact. Étonnante mémoire des lieux, fraîche et précise, à plus de cinquante ans de distance. Je fait le tour pour redescendre dans le second immeuble, celui de droite. Je découvre un vue magnifique sur Paris. Il fait beau. De beaux nuages blancs, majestueux, s'accordent à la claire peinture fraîche. Les courettes intérieurs sont désormais d'un beau blanc crémeux. Je me souvenais de trous noirs et sales, avant le grand blanchissement par sablage des immeubles du Paris encrassé des années cinquante et soixante. 

Finalement, après avoir pris quelques photos du paysage parisien par-dessus des toits, je ne redescends pas par l'escalier inconnu. Il ne m'intéresse pas. Je rebrousse chemin le long du couloir retrouve. Cherche le bon angle pour,la prise de vue. Je suis heureuse d'avoir revu ce dédale de couloirs qui m'effrayaient. Tout est blanc cassé et propre. Les fenêtres d'un bleu canard un peu éteint donnent du chi ca le,semble. Tout devait être écaillé quand je m'y rendais régulièrement. Je garde le souvenir de rembarres en bois dont la peinture grise pelait et grattait les coudes. Je sens l'odeur de poussière en y repensant. L'odeur de la poussière de bois et de peinture écaillée, un peu crayeuse. Je ressens cette odeur qui me revient ce soir-même alors que je retrace mon périple du jour.

Je redescends l'escalier que j'avais monté pour repasser devant ce lieu d'enfance sans joie que je n'ai pas beaucoup aimé. Encore quelques clichés. La cour. La trouée de l'immeuble vers le ciel en regardant en haut. Le ravalement des façades rend le lieu inconnu. Seule la trouée semble identique. La cour est pavée. Je regarde le large porche double, immense même à hauteur d'adulte. Je ressors de l'immeuble. Un coup d'œil vers la gauche. Même si les magasins ne sont plus les mêmes, le renfoncement sur deux immeubles n'a pas changé. Pourtant, j'étais passée là il y a quelques années. Mais je n'avais pas eu le même retour du passé que celui qui m'a frappée aujourd'hui quand je suis ressortie de l'immeuble et ai tourné la tête vers la gauche.

C'est amusant de revenir sur le lieu d'une enfance effacée. Maintenant, tout est clair, tout est calme. L'épicerie a disparu. L'épicier ou le crémier n'est plus là. Le marchand de vin avec son béret et et les odeurs de vinasse sur le sol ne sont plus là non plus. La ville s'est modernisée. Elle est devenue bien proprette. Il y a bien davantage de marchands de fanfreluches en gros qu'autrefois. Il ont remplacé maroquiniers, selliers et fourreurs. Je crois qu'emportée dans mon élan, je brode un peu. Il y avait bien des marchands de sacs et de chapeaux en gros. Et probablement des marchands de cols de fourrure.

Je marche au hasard dans ce quartier connu inconnu, à l'aveuglette. Je me fie à mon sens de l'orientation des villes, à ma mémoire endormie. Je me laisse guider par mes pas. Je reconnais le nom des rues, comme d'anciens compagnons. Parfois, il m'est difficile de reconnaître le quartier. Tous les immeubles y sont récents. Construits après la fermeture des vieilles Halles de Paris, tout y est d'un beau crème. Les maisons sont droite et laides. Fonctionnelles. Sans charme. Des habitations. Une école. Un commissariat. Et le souvenir, au fond, de ce qui allait devenir le trou des Halles et dont je garde un souvenir vague sur lequel je n'ai aucun doute. J'ai bien connu cela. Je reconnais à peine. Les visions anciennes et nouvelles se superposent. Je croyais n'avoir pas de souvenirs. Le souvenir des lieux ne m'a pourtant pas quitté.

Je continue à marcher. Retrouve des quartiers visites à d'autres moments, dont je n'avais jamais eu conscience qu'ils étaient si proches d'un de mes lieux d'enfance. Tout paraît si loi quand on est encore petit. Le périmètre familier est restreint chez la petite fille d'appartement à qui il était interdit de jouer dirons, "comme une gosse des rues". Malgré l'âge et la perte de vitalité des dernières années, jarre,te le quartier à une vitesse confondante. Mes jambes sont grandes maintenant, malgré ma petit taille. Je sillonne le quartier à grandes enjambées. Je fête le retour de l'allant.

Je m'éloigne des lieux connus d'autrefois ou de môments plus récents. Au détour d'une rue, j'aperçois le,three d'un musée dont j'ai entendu parler récemment. Cognacq-Jay. J'hésite à aller le visiter. Voici longtemps déjà que je baguenaude autour du Marais, du côté des anciennes Halles. Un instant d'hésitation. Mais, rien ne m'attend. Je suis libre comme l'air aujourd'hui. Pourquoi se refuser la visite d'un musée de peinture. Cela fait si Mo,grimpés que,je ne suis pas retournée déambuler seule da,s un musée. J'aime tant cela. Hop ! Demi-tour. Entrée dans le musée. Fouille du sac, passage par le.portique de sécurité. Quelques mots échangés avec l'homme chargé de vérifier les entrées.

Surprise. Le musée est gratuit. C'est un musée de la ville de Paris. L'hôtel particulier est joli. 

La surprise est de taille. Assez peu d'œuvres dans l'ensemble, mais des merveilles. Deux Canaletto, un van Ruysdael, plusieurs Greuze dont le charmant enfant blond vénitien aux cheveux bouclés, plusieurs œuvres de Boucher, un Largillière, et même un Chardin et un Vigée-Lebrun, des peintres italiens inconnus dont les veduttas attirent l'œil comme des cartes postales du passé. Quelques statues dans la première salle attirent mon attention. Deux sont très belles. Mes photos souvenirs ne leur rendent pas justice. Tout le relief est aplati.

De salle en salle, je parle avec les gardiens de chaque salle. L'ambiance est bon enfant. Je m'apprête à quitter le musée et parle enfin au dernier gardien du musée qui avait déjà donné des indications sur les peintures de la salle lors de mon arrivée. Nous entamons une discussion. L'autre gardienne s'éclipse. La discussion s'éternise. Nous nous rendons compte que nous connaissons des choses et des gens en commun. Il me parle d'une critique d'art et d'un auteur que je ne connais pas. 

Je quitte enfin le musée non sans avoir visité les commodités dans un magnifique sous-sol de belles pierres beiges.

À ma sortie, l'homme qui était chargé de la sécurité me compliment sur mon sourire à l'entrée et mon sourire à la sortie et continue avec jovialité. Mon sourire redouble. Ma joie intérieure aussi. 

La vie me sourit. Il fait beau. J'ai passé une excellente journée.

Comme avant. Quand la vie m'était douce. Que je savais me fabriquer du bonheur.

On dirait bien que je n'ai pas perdu la main.

Le bonheur, c'est mieux que le vélo. Ça ne s'oublie vraiment pas.

© Simone Rinzler | 15 juin 2016 - Tous droits réservés 

Un petit Post-Scriptum : 
Sur le chemin du retour, j'ai flâné de commerce en commerce et trouvé deux livres de l'auteur inconnu de moi. Les premières pages m'ont tapé dans l'œil. Immédiatement. 
Il faut toujours bavarder avec les gardiens de musée.
J'ai fait provision de livres, à nouveau. Choix très éclectiques. Dont, bien sûr, le fameux Emmanuel Bove, bientôt en lecture, après Alain Cadéo et Emmanuelle Guattari À L'Atelier de L'Espère-Luette


Attribué à Greuze, cet autre portrait d'enfant n'est pas celui qui est le plus connu

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