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12/16/2014

Tu ne sais pas...

Tu ne sais pas raconter d'histoires. Tu voudrais en écrire, mais tu ne sais pas. Tu ne sais pas comment t'y prendre. Tu trafiques, tu bidouilles, mais une histoire, une vraie, tu ne sais pas.

Tu ne sais pas lire des histoires. Tu voudrais en lire, mais tu ne sais pas. Tu ne sais pas comment t'y fair prendre. Tu lisouilles, tu farfouilles, mais une histoire, une vraie, tu ne suis pas.

Tu ne sais pas te laisser aller à lire de l'inutile, du mercantile, du bien futile. Tu ne sais pas. N'y arrives pas. Tu t'entraînes à travailler ton style. Mais des histoires, tu n'en fais pas.

Tu ne sais pas tourner des films. Tu ne sais pas. Tu ne sais pas. Qu'il soit magique, utile ou facile, encore tragique, encore comique, là, à coup sûr, alors tu bois. Tu bois, tu bois, et tu t'enivres. Tu tombes là, tu chutes sous le charme. Tu te régales. Qu'importe l'histoire, pouvoir qu'elle soit bonne, qu'elle t'entraîne, qu'elle t'emmène, même là où tu ne vas pas, jamais. Tu te laisses faire. Tu laisses faire. L'histoire t'entraîne, elle te mène, par tous les bouts, le bout du nez, le bout du pied. Tu ne fais pas ta difficile. Tu aimes, tu aimes ou tu n'aimes pas. Mais tu t'en fous. Tu te laisses entraîner.

Tu ne sais pas ce qui t'entraîne. Ce que tu sais, ce que tu sais. C'est que le ciné, c'était pas pour les forts en thème, pas un sujet. Sujet d'école. Tu peines encore, tu traînes encore, à la sortie. De ton école. Le chemin est. Encore trop long. Tu l'aimais bien, c'était ton chemin.

Tu ne sais pas écrire d'histoires. Tu ne sais pas. Tu ne sais pas.

Tu ne sais pas, tu ne sais pas, tu ne sais pas et tu t'en fiches, et tu t'en fiches, et je m'en fiche, fiche, fiche, jusque là ! Tu t'y essaies. Tu apprivoises. Tu t'y remets, un peu plus chaque jour. Tu t'en fiches déjà. Un peu plus chaque jour. Un peu plus qu'hier. Et bien moins que demain. Mais, encore, trop, encore, tu t'prends la tête, tu t'prends trop la tête, t'prends la tête trop encore.

Tu ne sais pas écrire pour ton amour. Tu l'as fait lire. Tu lui as fait lire, ce que tu écris ce qui as déjà écrit. Tu sais, tu sais, qu'il n'aimera pas. Ça, tu le sais, tu le sais bien. Il n'aime pas. Il n'a pas aimé. Il s'est inquiété. Comme toujours. Il s'inquiète. Il s'inquiète pour toi. Mais jamais, jamais, ne te rejette.

Tu ne sais pas, tu ne sais comment faire. Tu lui fais lire. Il va devenir enfin, ton premier lecteur. Et c'est la fin. 

Fin des tâtonnements, fin des ânonnements, fin de l'isolement. Il prend part au voyage. Te corrige ou te gronde. Ne comprend pas, parfois. Enfin, toujours.

Tu ne sais pas, tu ne sais pas. Écrire d'histoires, tu ne sais pas. Tu as beau ne pas savoir, tu en fais bien toute une histoire, pour une fille sans histoires, t'en fais bien trop. T'en fais bien trop.

Il est grand temps, serait grand temps, de retourner. À l'atelier. Dans le secret, dans le secret. De ton histoire. Qui stagne encore.

Tu ne sais pas, tu ne sais pas. Tu ne sais pas.

Tu sais déjà.

[Bon, maintenant, t'arrête les gammes, ma fille !]

© Simone Rinzler | 16 décembre 2014 - Tous droits réservés 

Fin des Gammes Stylistiques ? À L'Atelier de L'Espère-Luette

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