Jeudi 10 janvier 2013
Plusieurs jours que je n’ai pas écrit.
J’ai vécu.
Ce matin, l’envie d’écrire me reprend. Follement. Une pulsion
irrépressible. Comme celle de prendre cette clope que j’ai hésité à allumer. Et
que j’ai finalement allumée. Avec mon café. Mais pas avant la première gorgée.
J’écoute la radio. France Info. Se replonger dans le réel. Et une
chronique. De Philippe Vandel. Sur « Barrez-vous ». Une incitation à
se barrer de France. Pour voir le monde. Et apprendre qu’il n’y a qu’en France
qu’on n’aime pas être français. Qu’ailleurs, on apprécie la French touch.
Je suis fille d’immigrés. Fille d’un immigré. Cette incitation à
l’Exil me brise. J’ai toujours lutté pour rester. Et me suis toujours barrée.
Pour ne pas être jetée.
La peur du rejet me fait fuir.
Elle ne me fait pas fuir hors de moi. De mon projet. Qui n’a
jamais été un projet au sens de quelque chose qui s’élabore, se projette, se
prépare. Mais qui s’impose. Se pose. Me pause. Me met en pause. En pause de
l’attente. L’attente de ce qui ne viendra pas. Si je ne me mets pas à ce
projet. Mon projet d’écriture. Qui n’est pas projeté ? Qui s’est imposé.
La traduction de Kelman n’a pas pu se faire. Je suis dés-œuvrée.
Je ne traduirai pas son œuvre.
Écrire, réécrire, mon livre universitaire, je ne peux m’y
astreindre. Car ce serait une astreinte. Une douleur. Il faudra un jour déchirer cette douleur. Cesser de glander. De m’éparpiller.
De vivre ? Ah ! Non !
Pas cesser de vivre. De faire ce que j’aime. Ce qui m’est vital.
C’est par l’écriture de ce trop-plein, par ce vidage, cette
vidange du trop-plein, que je parviendrai à vider ce vide. Me vider de mon vide
d’écrivain qui ne veut pas écrire. Se refuse à être.
J’écris.
En emploi absolu.
End of ranting. End of
vidange. Vocifération off. Over. Ça va mieux. J’ai expectoré. Je
peux respirer. Je respire. Je vais mieux. Je vais pouvoir me mettre à la
correction de mes copies. Il faut bien que ces choses se fassent.
Tiens.
Mon café a refroidi. Je suis bien réveillée.
Éveillée.
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