Souricette est de mauvaise humeur.
Ce matin, Mauriceau le Souriceau, lui a rappelé qu'ils partaient en voyage cette nuit.
"Faudra penser à faire ta valise, Mauricette...", lui a-t-il dit.
"...Moi, j'veux dormir ce soir. Tu vas pas encore m'empêcher de dormir. J'te rappelle qu'il faut être a l'aéroport à trois heures du matin."
Ça y est.
Ça commence.
De bon matin.
Elle le savait.
Elle en était sûre.
Elle savait que ça commencerait comme ça.
En un rien de temps, Souricette est en colère.
Elle sent la colère monter.
Monter.
MONTER...
EN-EN-FL-FL-FLLLLLER...
EN-EN-EN-EN-FL-FL-FLLLLLEEEEER...
ELLE SENT QU'ELLE VA ÉCLATER !
chhhhhhhChCHCHCHSHSHSHSHSHSHSCHSCHSCHPPPAFFFFFFFFFF !
"Non ! Non ! Non !
Je ne veux pas faire ma valise d'abord !
Je veux encore m'amuser.
J'ai encore envie d'glander !
Non, mais, qui t'es, toi, pour m'donner des ordres, toi !
Tes désirs sont des ordres, tes désirs me font désordre, et tes ires me font mordre !
Non, mais quoi, c'est vrai, quoi, merde !", songe tout doucement Mauricette en sirotant son café refroidissant, comme elle l'aime tant.
Mais pour être Souricette, Mauricette n'est pas aussi bête.
Elle prend son temps.
Tourne sept fois sa cuillère dans sa tasse et repense à la douce langue veloutée de Mauriceau.
Si elle l'ouvre encore, elle va gâcher les vacances de Souricette et de Souriceau.
Ils vont encore s'engueuler, et ils seront tristes et déçus tous les deux.
Alors, pleine de sagesse, Souricette remballe.
Remballe sa colère.
Remballe sa langue de vipère.
La garde pour, non, peut-être pas ce soir. Mauriceau aura trop peur de ne pas assez dormir et elle ne sera pas assez détendue pour le lécher, le suçoter, le lichouiller, le faire bander et elle sera encore prête pour un épisode de "Souriceau a du mou dans l'pipeau".
Alors, elle garde sa langue. Reprend une gorginette de café avant qu'il ne soit plus buvable. Le café. Et Mauriceau.
Elle le regarde et lui dit :
"Ah ! Je savais bien que ce serait ta première parole du matin !
Mais oui, je vais la faire, ma valise. Ne t'inquiète pas."
Elle a le sourire.
Elle se sent devenir douce, toute douce.
Elle lui dit, malicieuse :
"On pourra peut-être tirer un p'tit coup, avant d'finir la valise ?"
"On verra !", répond-il, le sourire aux lèvres et l'œil alléché.
("Si ! Si, je vous assure, un œil, ça s'allèche, vous n'avez qu'à essayer. Vous verrez !", ajouta fissa Narratrix Sourissa)
Mauricette se douta bien que ce ne serait jamais le moment. Ni pour lui, ni même pour elle.
Alors, comme elle ne voulait toujours pas faire sa valise d'abord, elle commença à s'y mettre, très vite.
Puis ralentit.
Puis ralentit.
Prépara le déjeuner.
Déjeuna.
Regarda la télévision pendant le repas.
Avec Mauriceau.
Répondit à un SMS, alla jouer un peu sur FB.
Reprit sa valise.
Changea son sac à main de tous les jours pour son sac de vacances, vida ses papiers, en profita pour faire du tri, régler quelques affaires courantes.
Encore quelques SMS, de temps à autre.
Laissa filer le temps.
Eut peur de l'avoir trop laissé filer.
Eut peur de l'avoir trop laissé filer.
Regarda l'heure.
Il n'était que quatre heures.
C'était super, ce changement d'heure.
Elle qui croyait avoir gagné une heure de baise avec Souriceau la veille, elle avait aussi gagné une heure de plus pour faire sa valise.
Sans se presser.
Sans s'angoisser.
Sans se presser.
Sans s'angoisser.
Tu veux dire qu'elle avait appris à parler ?
Au lieu de gueuler ?
Au lieu de gueuler ?
Peut-être bien que "Oui".
Mais elle savait surtout qu'il fallait qu'elle fasse toujours attention.
Elle avait tant été sous pression.
Elle savait bien que Mauriceau n'y était pour rien.
© Simone Rinzler | 26 octobre 2014 - Tous droits réservés
Série Espèces de P'tits Contes - A L'Université de Tous Les Moisir-s
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