#MoocDQ3 3256 20150408 Ce n'est qu'une toute petite histoire, une histoire de rien du tout...
Ce n'est qu'une toute petite histoire, une histoire
de rien du tout. Une histoire qui va, qui vient, qui s'arrête, qui repart, une
histoire qui suit son petit bonhomme de chemin. Une histoire sans histoires,
une histoire dans l'histoire, une histoire de s'amuser.
Elle se ment, elle se cache, se dévoile et se
rengorge, elle s'affole, cabriole, elle se perd dans son histoire. Elle se joue
de son histoire et se moque de ceux qui craignent pour elle.
C'est l'histoire d'une toute petite histoire qui
n'a peur de rien, ni de personne, qui se tient droite et se croit gauche, une
histoire de s'occuper en attendant la mort.
C'est l'histoire d'une histoire qui n'en finit pas
de commencer, qui n'en finir pas de finir. C'est une histoire de vie qui se
déroule dans le présent de l'écriture, dans le présent de la lecture, dans
l'entre-temps de la réécriture, dans l’entre-deux de la saurisserie, dans
l’antre-deux de la schizophrénie, une histoire d’entremets de la bonne,
attablée en cuisine, une histoire de mi-temps entre deux temps, le temps
d’avant et le temps d’après. Une histoire qui n’en fait qu’à sa tête, qui n’a
ni queue ni tête, qui s’entête et se prend la tête, et s’emmêle les pinceaux,
les arpions, qui perd ses billes et se recroqueville, qui se force à la joie et
s’efforce de tirer parti de la morosité et de la porosité, de l’ambiance du
temps. Une histoire d’ambiance, une histoire d’en France, une histoire pas
rance, tout en transparence et en cachoteries, savamment exposée, indétectable
au grand jour. Une histoire de genre pas très déterminé, une histoire d’un genre
pas franchement renouvelé, une histoire pompée sur les épaules de Lawrence, pas
si _stern_, pas si austère, que cela,
pas plus de hauteur que d’Auster, pas plus d’auteur que de Max Headroom, pas
plus fantasque que Les Enfants de minuit,
bien moins polémique que A Cock and Bull
Story, bien moins gothique qu’Ann Radcliife et Matthew Gregory Lewis, sans
vilains, ni gothic villains, tout
aussi méandreuse qu’une promenade auprès du Castle
of Otranto, bien aussi sérieuse que la Galatea
2.0 de Richard Powers, dingue comme une bluette sexuelle de Roth, Philip de
son petit nom ou des contes cruels de Pasolini et de Sade, sombre comme une
toile de Rothko, glauque comme un Coetzee et un Shriver réunis, claire comme
une comptine, une histoire sans queue, ni tête de l’art, un amuse-gueule du
côté du Pendule, de Foucault, ou de l’autre d’Umberto Eco,
un amuse-tue mouches, dans la loge de Lodge, un caillou dans un chaussure et une
fantaisie de repos pre mortem.
C’est l’histoire d’une histoire toute petite,
toute timide, qui hésite à prendre son envol, se croit folle, atteinte
d’Alzheimer, l’histoire d’une mémoire qui n’a pas de mémoire, l’histoire d’un
roman qui se feuillette, qui s’effeuille, se feuilletonne, une histoire qui détonne,
en fait des tonnes et ne demande pas son reste.
Une histoire de toi, de moi, de lui, d’elle et de
nous, de vous, d’eux et d’elles, une histoire impersonnelle, une histoire de ne
pas faire d’histoires, une histoire pas franchement consensuelle, ni con, ni
sensuelle, pas plus consanguine qu’une con de frangine.
Une histoire sans histoire, c’est ça son histoire.
© Simone Rinzler | 8 avril 2015 - Tous droits
réservés
Une histoire d'atelier à L'Atelier de L'Espère-Luette
Une histoire d'atelier à L'Atelier de L'Espère-Luette
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