La Dépendance. L'Union de Deux Indépendances
Nouvelle
Elle m'aimerait soumis. Je ne ferais pas semblant de me soumettre.
Elle me dirait "Tu cries". Je parlerais plus fort.
Elle jouerait sa Katharina. Je serais son Petruchio.
Elle ferait sa musaraigne, sa shrew, sa mégère. Acariâtre, vindicative, revêche. Je casserais sa morgue, lui ferais renifler sa morve. Jusqu'à ce qu'elle découvre, trouve et montre la douceur cachée au fond de son cœur.
Elle me mènerait la guerre. Elle se débattrait, me cracherait à la figure. Je la combattrais. À la loyale. Comme un homme. Dont elle veut être l'égale. Je ne la traiterais pas comme une petite chose fragile, débile, infantile. Je lui attribuerais les mêmes qualités qu'à moi. Forte. Tendre. Sensible. Quand il le faut. Je lui éviterais la solitude avaricieuse, envieuse, grincheuse.
Elle m'attaquerait sans cesse, sans raison, cent fois l'heure. Je riposterais sans fin, sans remords, cent fois tyrannique.
Elle aurait du caractère. Elle aurait un très sale caractère. Je lui ferais rendre gorge. Je lui ferais découvrir sa douceur, sa bonté, sa tendresse. Par la force si nécessaire. Je n'aimerais pas la violence. Je lui ferais la guerre qu'elle fait aux hommes. Je lui rendrais la monnaie de sa pièce.
Elle finirait par manger dans ma main. Je serais l'égal de cette déesse, de cette princesse. Ignorée. Crainte. Je gagnerais son cœur. Son cœur. Son âme. Son corps.
Elle relirait Shakespeare. Je lui retirerais le livre des mains.
Nous irions faire l'amour, pour toujours.
Nous serions bien.
À égalité.
D'intelligence.
D'amour.
De Bonheur.
Dis, pourquoi ne joue-t-on pas plus souvent La Mégère Apprivoisée ?
Trop égalitaire. Trop profond. Trop en faveur de la paix dans le ménage.
Et si on apprenait à vraiment bien lire cette pièce, sans a priori d'aucune sorte ?
Ne pas la laisser aux salauds. Ils ne font que des saloperies.
S'emparer de ces pièces maudites. Les faire revivre. Dépasser le bannissement des craintifs qui n'osent pas penser l'égalité.
Offrons, offrons ce bonheur.
De la vie.
À deux.
Rêve d'Avignon.
© Simone Rinzler | 10-11 juillet 2015 - Tous droits réservés
OuGramPo / OuGraPo : Contrainte grammaticale : Le conditionnel
La dépendance, l'indépendance mutuelles sont perpétuelles.
Sans conditions, quoiqu'au conditionnel, À L'Atelier de L'Espère-Luette
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