Prologue du récit déterré
Je me mens.
Je me mens souvent.
Oh ! Je ne le fais pas exprès. Je me mens pour
garder la tête haute. Par orgueil personnel, pour pouvoir continuer à me
respecter.
Si je ne me mentais pas, peut-être bien que je
finirais par me mépriser. Comme me méprisent ceux qui se mentent et prétendent
:
-
que je suis dingue,
-
que je fais preuve d’incompétence,
-
que je suis sans qualité.
Je ne suis rien de tout cela. Et quand je dis
cela, je sais que je ne me mens pas.
J'écoute ce que je sens. Je sens ce que je sais.
Je sais depuis toujours, que je tente, au mieux de mes possibilités humaines,
d'être quelqu'un de bien. Je ne sais pas très bien ce que recouvre ce terme de
"quelqu'un de bien" sous ma plume à ce jour. Mais est-il
nécessaire de tout justifier ? Inutile de se poser la question plus longtemps.
Je sais bien qu'il ne sert à rien de toujours tout justifier. On ne prépare pas
une dissertation d’Agrégation toute sa vie. On n'est pas un petit enfant toute
sa vie. Le temps du doute est terminé. Il est temps de passer à l'action. Et le
cas échéant, car le choix z’ici échoit,
il est temps, largement temps, de passer à l'écriture. De quitter ce qui m'a
fait tant souffrir ces dernières années et de faire ce que j'ai envie de faire
dès à présent, sans plus attendre, illico presto, preste, alerte et la
joie au cœur, pour tout dire : « juste bien ». Temps de
quitter les passions tristes, les pervers narcissiques et leurs acolytes et
d'éprouver la clameur de l'être, la clameur de naître, la clameur de
renaître, la clameur, la douceur d'être, la joie de faire avec joie ce que
j'aime et ce dont j'ai, moi, envie, plus que tout.
Alors, oui, Écrire.
Écrire et ne plus se détruire. Écrire et cesser de
se mentir. Écrire sans demander la permission à personne.
Et Tant pis pour les gens énervés, Tant pis
pour les gens égarés, et surtout, surtout, Tant pis pour les envieux, les
craigneux, les taiseux, les ceusses qui ont le petit doigt sur la couture,
toujours prêts à rentrer dans le droit chemin et autres normopathes de tout
poil. Tant pis pour eux. Tant mieux pour moi.
C'est le printemps des affects joyeux. C'est le
bel automne des passions renouvelées. C'est aussi l'heure de la récré, l'heure
de la sortie, le temps, enfin de sortir, de quitter un très long moment
transitoire de sa vie pour entrer dans le suivant. Et y entrer avec passion,
avec ferveur, avec bonheur. J'aime écrire. Pour ça, oui, ma brave dame. Oui
da, triple oui da. A-t-on jamais vu quelqu'un qui aimait tant écrire et qui
se privait tant de le faire ? Pour sûr, non, mon compère. Pour sûr, non.
Alors, Écrire, sans plus tarder. Écrire,
écrire, écrire. Et jouir.
© Simone Rinzler - Tous droits réservés.
On déterre d'exquis cadavres à L’Atelier de L'Espère-Luette