Tu te laisses porter, au gré du vent qui tourne, au gré des mots qui te viennent à l'esprit.
Tu épuises le "Tu", tu ne t'épuises plus sur le "Je" perdu. Tu as perdu à ce "Je"-là.
Tu arrêtes le jeu.
Tu passeras un jour à "Il" ou "Elle", à "Nous", à "Vous", à "Ils", à "Elles", enfin à "On", L'Infinitif, l'Impersonnel, évidemment tu te tourneras vers le Passif, toujours, toujours, pour cesser ce jeu du "Je".
Tu OuLiPises, tu OuGrammPises, tu épuises la grammaire des pronoms et des modes d'auto-désignation grammatico-linguistico-stylistico-littéraire.
Tu joues de la grammaire comme d'autres jouent des coudes, tu fais tes gammes, tu stylistises, tu néologises, tu inventes la grammaire de ta vie, la grammaire de la vie, de la sur-vie.
Tu a abandonné le projet des auxiliaires de modalité et des manières de modéliser en anglais avec le sujet (ou l'objet) "You". Tu n'as pas dit ton dernier mot.
Tu as tout ton temps. Tu n'es pas pressée. Tu te hâtes lentement. Tu travailles à tes projets. Tu en commencé mille et deux en moins d'une nuit. Tu foisonnes, tu résonnes, tu entends la musique, tu ne veux pas qu'on te gomme, tu ne manques pas de réplique, tu discutes assez peu.
Tu es occupée.
Jusqu'à l'épuisement. De l'extension. Du domaine. De la grammaire. Du "Tu". Qui ne te tue plus, ni ne te rend plus fort, ni plus forte, en tous cas, un tout petit moins mort, nettement moins morte, tu écris encore, comme d'autres bandent encore. Tu n'as pas le sifflet coupé, tu as fait taire tes critiques trop sévères. Tu écris. Tu écris. Tu en jouis.
Toi, tu l'ouis ?
Oh ! Oui !
Tu.
Louis.
© Simone Rinzler | 7 février 2015 - Tous droits réservés
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire