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4/04/2016

14 #CPR Carnets de Petits Riens : Le meilleur des Petits Riens n'est pas très photogénique. Il est malaisé d'en parler. Le toucher, la caresse sont largement sous-évalués. Et pourtant. Que ne ferait-on sans ces Petits Riens ?

14 #CPR Carnets de Petits Riens : Le meilleur des Petits Riens n'est pas très photogénique. Il est malaisé d'en parler. Le toucher, la caresse sont largement sous-évalués. Et pourtant. Que ne ferait-on sans ces Petits Riens ?

Le meilleur des Petits Riens n'est pas très photogénique. Il est malaisé d'en parler. Le toucher, la caresse sont largement sous-évalués. Et pourtant. Que ne ferait-on sans ces Petits Riens ? 

Une main qui s'avance, une caresse dans le dos après l'amour, un tapis de mousse dans un sous-bois, la joue d'un enfant, le sexe dru d'un homme aimé, tout cela fait partie des Petits Riens que je ne quitterais pour rien au monde. 

J'aime ces Petits Riens. La douceur du toucher, la douceur de toucher, d'être touchée, tout cela me touche, infiniment. Le toucher amical, amoureux, affectueux. 

Un art du toucher est à réinventer. Les sciences et les techniques, les discours, les écrans évitent le toucher. 

Quelle perte ! Quel gâchis ! Quelle vilénie !

Quel bonheur, pourtant que la caresse d'une main. Sur une autre main. Sur une cuisse ou un ventre défraîchi. Peu importe l'aspect de la peau. La caresse est douceur, pour peu qu'elle ne soit pas intrusive.

J'aime caresser et être caressée. Je ne peux m'en passer. Le jeu des peaux contre les peaux, jeunes peaux, vieilles peaux, toutes peaux qui s'aiment et se le disent, par le toucher.

Caresser un jeune enfant, l'aimer sans pouvoir s'empêcher de le caresser, de lui faire sentir sa présence bienveillante, réconfortante, protectrice.

La caresse qui rassure. La caresse qui assure de sa présence. La caresse comme remède à l'indifférence. 

Le sujet est devenu délicat. Parler de la caresse, écrire une ode à la caresse est devenu suspect. 

Quoi ? Caresser un enfant ! 
Comment ? Caresser un sexe tendu ! 
Mais tu n'y penses pas, tout de même !?!

Oh ! Que si !

J'y pense avec ravissement, des lumières dans mes yeux fermés, pour mieux sentir la délicatesse qui m'enveloppe, la douceur qui me revient.

Quoi ? Tu n'aimes pas la caresse, toi ?

Serais-tu de bois ?

Pour moi qui suis humaine, la caresse du vent, d'une main aimée, d'une joue de bébé, les bisous baveux d'un grand en transpiration, les mains collantes de sucreries d'une pré-adolescente encore dans l'enfance, ce n'est vraiment pas Rien. 

C'est de la vie en barre. 

De la vie à l'état pur. 

Tout a commencé avec le toucher. L'aurais-tu oublié ?

Entre la vue d'une fleur à peine éclose et la caresse de la mousse, aujourd'hui, je n'ai pas hésité. J'ai caressé la mousse des prés, enfonçant ma main dans la matière souple. J'ai regardé mes pas s'enfoncer dans l'épaisse mousse du champ, à l'endroit où s'écoule l'eau en souterrain. 

S'il n'avait pas fait si humide et un peu frais, je crois bien que j'aurais ôté bottes et chaussettes, moi qui autrefois ne me déchaussais jamais.

Sens-tu le sol sous tes pieds ?

Oui. C'est un peu sale. J'en conviens. Ce n'est pas très civilisé. 

Mais toi, dis-moi, tu n'as jamais marché sur la mousse des bois et des prés ?

Moi, j'ai appris à me déchausser, pour me faire caresser le dessus du pied par un homme dont je ne savais pas encore que je l'aimerais. Ah ! Le souvenir de cette caresse de mes pieds, si nouveau, n'est pas près de disparaître. Pour un peu, j'en tremblerais encore de plaisir, rien qu'à y repenser. Ces caresses aux pieds ont éveillé quelque chose qui jamais plus ne s'est éteint. La chaleur de la douceur d'un homme. L'homme avec qui je vieillis, peau contre peau. 

As-tu déjà remarqué que si la peau des mains s'abîme au travail, celle du pénis reste aussi douce qu'au premier jour ? Merveille de ce Petit Rien de peau, si doux, si beau, jardin de nos Petits Riens À Deux.

Parfois, on dit aux vieux qu'ils font peur aux bébés. Tu as déjà vu un jeune bébé refuser la caresse de son aïeul ? Moi pas. 

Le bébé n'a pas encore appris à détester les vieux. Il sait, il sent, que la caresse est douce, affectueuse. L'enfant sent l'amour par le toucher. Le toucher de ses parents, de ses aïeux.

La semaine dernière, j'ai fait du pied à pied avec les bébés de mon ancien bébé devenue grande. On a souri, on a ri. On était bien. 

Bientôt, je les emmènerai caresser la mousse du pré. Ce sera l'été de leur enfance et le printemps de ma vieillesse.

Ma vieille peau aime toujours le toucher. Vrai. Elle est moins tendue, moins ferme. Mais elle n'a rien perdu de ses terminaisons nerveuses. Ma peau aime le toucher. Ma peau aime être touchée. Ma peau aime toucher. Ma peau est faite pour caresser et être caressée. 

N'en déplaise à ceux qui se choquent ou s'offusquent d'un Rien. 

Une caresse, ce n'est qu'un Petit Rien. Un Petit Rien qui fait tant de bien.

Caresse du vent, caresse des mains, caresse du feu, de la chaleur.

Caresse de la vie.

Viens ! Donne-moi la main !

© Simone Rinzler | 4 avril 2016 - Tous droits réservés 

On se caresse, et ce n'est pas Rien À L'Atelier de L'Espère-Luette




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