Tu n'hésites plus. Tu sais. Tu sais que tu avais raison et tu sais que tu dois continuer. Encore et encore. Plus fort. Tu sais que tu n'étais qu'endormie, anesthésiée par la mise au pas des universités qui t'a brisée, par ton histoire professionnelle qui s'est brisée sous les coups d'une mise en ordre que tu haïssais de toutes tes forces.
Tu n'avais pas abandonné la bataille.
Tu reprenais des forces.
Tu reprenais du poil de la bête après les coups de la bête que tu combattais depuis toujours, sans croire vraiment que tu serais un jour dans cette obligation, cette nécessité interne de t'y mettre, de t'y remettre.
Tu sais qu'il ne faut pas s'imposer l'impossible. Tu sais que tu n'as pas de courage physique, que tes forces déclinent, que la vie ne t'as pas épargnée et pourtant t'a gâtée.
Tu repenses à toi, à ta petite histoire, toujours imbriquée dans la Grande Histoire et sa grande hache et ses milliers de petites kalachs.
Tu t'en veux un peu de penser à toi, mais tu sais qu'il faut le faire, malgré tout, malgré les évidentes critiques qui ne manqueront pas de se faire, qu'il faut avancer, encore et toujours.
Tu n'hésites plus. Tu sais que tu es condamnée. Condamnée à reprendre. Les chemins de résistance. Condamnée à continuer. Continuer à écrire, jour et nuit, inlassablement, simplement, clairement, pour ceux qui ne sont plus tes étudiants, mais tes lecteurs, depuis que tu as décidé que tu deviendrais, enfin, écrivain, et que tu tiens ton blog littéraire À L'Atelier de L'Espère-Luette. Condamnée à reprendre l'écriture de ton livre savant sur les manifestes, les paroles de combat et sur la parole manifestaire, la vraie, celle de la littérature, ton livre trop long au titre trop long La Parole manifestaire : manifestes et manifestations de revendication dans l'aire anglophone au XXe siècle. Condamnée à reprendre l'écriture de ton document de synthèse sur l'engagement, la transmission, le langage, le politique et l'intérêt de la philosophie du langage associé à l'étude de la micro linguistique grammaticale, sur ton engagement pour une macro-linguistique, une macro-stylistique qui prenne en compte l'histoire des idées, le politique, le contexte large de toute énonciation, à la manière dont Daniel Arasse, spécialiste de peinture... [Tu t'arrêtes là. Plus le temps. Plus de temps à perdre.]
Au passage : lire "On n'y voit rien", son génial bouquin, passionnant, érudit et facile à lire grâce à son style simple et inimitable et à sa passion de vrai passionné de peinture, d'humanité et de transmission.
Tu n'hésites plus.
Tu travailles.
© Simone Rinzler | 9 janvier 2015 - Tous droits réservés - mais peut quand même être partagé (je ne suis toujours pas juriste)
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