Tu t'écoutes écrire. Tu devient pédante. Tu as perdu ta fraîcheur. Ton choix de poursuivre le thème du Roman de "Tu" t'a fait perdre de vue ton besoin de diversité, de variété, de fantaisie, de simplicité.
Tu t'alambiques et tu t'énerves toi-même. Tu devrais jeter tout cela.
Tu as déjà pensé au piège du blog dès mi-décembre quand tu as été au pied du mur pour envoyer un texte pour une revue littéraire qui t'avais sollicitée, alors même que tu pensais répondre à l'appel à texte.
Tu as de nouveau balancé du côté de l'exposition narcissique. Il te faut te reprendre. Tu deviens très chiante. Il te faut entrer davantage en toi-même, à l'ombre du blog et reprendre ce texte qui t'es cher, à l'abri des regards.
Tu ne peux pas écrire à tout vent, à tout va.
Tu vas te concentrer et mettre au point ton ordre de bataille contre ta facilité.
Le plus dur vient de commencer cette nuit.
Tu en as conscience.
Tu ne veux pas faire mourir le blog. OK. Accepte de faire les deux : le blog et ton vrai manuscrit. Celui qui te tient à cœur. Celui sur l'atelier d'écriture. Ton histoire de groupes qui s'apprivoisent, se détestent, finissent par se tolérer, puis s'aiment et s'aiment et s'aiment, vivent par le groupe, dans le groupe, pour le groupe, dans une famille composée autour de la passion pour la même chose et l'apprentissage de la connaissance de l'autre, des autres, de soi, de l'humanité discrète et chaleureuse, celle qui fait du bien aux cœurs, aux corps et aux âmes, qui se déchire, détruit les liens si durement gagnés, délabré l'ambiance joyeuse. Allez, écris-la ton histoire d'amour en amitié.
Tu sais d'avance que ce ne sera pas ce livre génial dont tu rêves (et tu vois bien que tu dis des conneries : bien sûr que tu as des rêves !), mais écris-le, passe par toutes les périodes que tu ne pourras éviter : enthousiasme, doutes, découragement, troubles musculo-squelettiques, vie de bâton de chaise à écrire la nuit pour être tranquille, tout, mais vas-y, bordel !, fonce, mais fonce !
Et basta !
Qu'on n'en parle plus.
Et que tu puisses déjà commencer à t'inquiéter de savoir si tu auras la force de commencer le suivant. Et n'en garde pas en réserve. Donne tout dans le premier. Tu as toujours plein d'idées, tu as de la ressource. Tu ne te retrouveras jamais à poil, sans idée aucune.
Tu en as déjà fait l'expérience dans ton métier. Fais pas ta radin. Mets toute la sauce ! Jette tout ton jus. Ce n'est pas le moment que tu fasses de la rétention litteraire. Si tu ne donnes pas tout, ça ne sert à rien de donner. Garde pour toi et vis ta petite vie minable de retraitée déprimée. Mais alors, là, faudra surtout pas venir de plaindre auprès de moi !
Allez, tu t'embrasses, tu te souhaites la bonne nuit, et maintenant, tu dors !
Ça suffit pour aujourd'hui.
Allez ! Vas-y !
Tu te le souhaites :
Bonne nuit ! Dors bien, toi, ma douce toi, moi. Et fais de beaux rêves...
© Simone Rinzler | 19 janvier 2015 - Tous droits réservés
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