Ce que tu fais :
Tu écris. Tu écris que tu écris. Tu n'écris rien d'autre. Tu te lasses de ton écriture. Tu cherches sur quoi écrire. Tu t'obsèdes de la pensée de ton écriture. Tu t'enlises. Tu vois que tu t'enlises. Tu dors mal. Tu es inquiète.
Ce que tu ne fais plus :
Tu n'as plus de plaisir à écrire. Tu as perdu le plaisir d'écrire. Tu boucles. Tu tournes en rond. Tu ne tournes plus rond. Tu beugues. Tu t'insupportes. Tu te lasses.
Tu ne dors plus bien.
Tu as perdu ta joie de vivre.
Tu as perdu ta liberté.
Tu as perdu ta légèreté.
Ce que tu aimerais faire, dans l'idéal :
Tu aimerais retrouver le sommeil.
Tu voudrais retrouver ta légèreté.
Tu voudrais publier.
Tu aimerais avoir le courage de reprendre ton manuscrit.
Tu te dis que tu dormirais bien si tu envoyais ce jour le manuscrit au type de la revue.
Ce que tu fais à la place :
Tu continues sur ce projet débile qui ne te mène à rien.
Tu t'entêtes et t'as tort. Et tu sais que le tort tue.
Tu te fais rire toute seule.
Tu te fais sourire.
Tu reprends plaisir à écrire.
Tu te demandes si tu donneras suite à ce type qui t'as proposé de publier dans sa revue.
Tu sais que tu aimerais le faire, mais...
...tu n'as pas confiance, c'est ça ?
Non !
Tu es paresseuse. Tu ne veux pas l'admettre. Tu préfères jouer que faire ce que tu veux.
Mais si tu préfères jouer, alors joue donc.
Mais c'est que tu sais que ce n'est pas si simple.
Tu veux jouer et tu ne veux pas jouer.
Tu veux jouer sans avoir l'air de jouer.
Tu sais que tu n'aimes pas jouer. Tu écris cela et tu sais que c'est faux. Tu n'aimes pas jouer si tu n'es pas sûre de gagner.
Tu n'aimes pas jouer avec les règles des autres.
T'es un peu barge, un peu braque, un peu branque. Tu veux tout et son contraire. Tu veux, tu veux, tu veux.
Tu sais bien pourtant que "Le Roi a dit 'Nous voulons'!" Et qu'il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Il faut faire.
Tu sais bien pourtant que "Le Roi a dit 'Nous voulons'!" Et qu'il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Il faut faire.
Et tu fais. Tu avances. Tu vas mieux. Tu écris. Ton projet. Ton projet de "Tu".
Ton projet de "Tu" qui te tue. Qui ne te tue pas. Qui ne te rend pas plus forte. Qui t'occupe. Qui te libère, peut-être. Qui te fait oublier que tu n'as pas dormi.
Qui te fait penser que ce n'est pas ce projet qui te tue.
Qui te rappelle ce que tu as vécu dimanche. Que tu ne supportes pas. Que tu ne supportes plus. Que tu ne veux plus supporter. Que tu ne peux plus supporter.
Tu as pris la bonne décision. La décision de converser avec qui ne te contredira pas. Tu te parles. Tu es d'accord. Avec toi-même. C'est déjà ça ! Tu es moins folle que tu le crois. Tu te parles par écrit.
Ça c'est un peu fou.
Ça c'est un peu fou.
Seulement si tu ne publies pas.
Car si tu publies, ce "Tu" n'est plus seulement le tien. C'est aussi le Tien. Oui. A Toi ! Toi qui lis. Et qui écris. Aussi. Car si Tu lis jusqu'ici, c'est que ce "Tu", c'est un peu Toi aussi.
Ça te tue, ça, hein ?
Tu crois ça, toi ?
C'est la vengeance du "Tu" qui ne te tue pas et ne te rend pas plus fort.
Ça ne te tue pas. Pas autrement. Que symboliquement. Parfaitement !
T'en n'as pas fini ?
Si.
© Simone Rinzler | 17 décembre 2014 - Tous droits réservés
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