Tu écris, de plus en plus et de plus en plus longtemps. Ton blog est en souffrance. Pas toi...
Tu veux garder la primeur, la fraîcheur du roman que tu écris à l'ombre des regards.
Tu travailles seule, en silence, silencieusement, dans l'agitation de la vie qui circule, qui t'interrompt et te fait bien vivre.
Tu ne te poses plus trop de questions. Ce sont tes personnages qui commencent à s'en poser. Tu es en train de te confectionner un petit monde à ta convenance, piochant de çà, de là, inventant, mélangeant, mixant. Tu n'es plus à l'établi mais au piano. Tu fais ta grande cuisine. Tu prends garde de ne pas trop forcer sur les ingrédients. Tu ne veux pas dénaturer le goût.
Tu veux qu'il y ait du goût, de la force, de la saveur.
Tu t'es débarrassée du regard extérieur. Tu regardes vivre et s'animer ton petit monde intérieur.
Tu n'as pas bougé ou presque de ton fauteuil. Tu es bien. Tu vas te lever un peu, esquisser quelques pas, faire des courses ou cuisiner, sortir ou rester, continuer à ranger tes années de travail, continuer à faire de la place à ce qui arrive.
Tu n'es plus dans le passé, dans la tristesse et la déploration.
Tu avances.
Tu ne sais pas encore trop où tu vas, mais tu y vas. En confiance.
Tu sais qu'il suffit d'y aller pour ne plus se poser de questions. Le temps des questions frigidifiantes est terminé pour toi. Terminé pour l'instant.
Les questions reviendront certainement.
Pas aussi intensément.
Tu ne l'espères pas ; tu fais tout pour qu'il n'en soit pas ainsi.
C'est normal de se poser des questions.
De se retourner pour un rien, non.
© Simone Rinzler | 7 février 2015 - Touts droits réservés.
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