Ton cerveau est malmené, laminé, dézingué d'un flux et d'un flot qui t'a submergée, emprisonnée, harassée.
Tu ne voudrais pas blesser, mais tu as morflé. Tant de certitudes, martelées, ressassées, moulinées ont eu raison de ta santé. Tu t'es laissée poncer, polir, laminer sans presque rechigner. Tu as perdu la force d'argumenter. La certitude de ce discours formaté, répété, remouliné à perpétuité a blessé tes efforts pour aller vers la lumière, la pensée, le bonheur, la gaieté. Tu ne peux lutter. Tu ne veux lutter. Au nom de l'amitié, du souvenir du passé. Tu as senti le froid glacé t'enrober. Tu ne peux, ni ne dois continuer. Tu ne veux pas te laisser entraîner dans la chute, même au nom de l'amitié. Tu as tes limites. Tu n'as pas su les marquer. Tu n'as pas désiré les marquer. Tu as tenté. Tu as préféré passer pour bien pire que tu n'es. Tu sais que tu n'es pas en train de refaire le réel, mais bien de te refaire une santé. Tu as côtoyé une mortelle morbidité. Tu as besoin de t'échapper vers la vie, la légèreté et l'amour. Des jérémiades en boucle, tu as soupé. Tu te sais fragile, tu as voulu protéger l'autre avant de te protéger toi. Tu as dérogé à tes principes d'humanité bien raisonnée. Tu as oublié de penser à ton bien-être et tu as échoué. Tu as partiellement blessé et tu t'es fait beaucoup de mal. Tu n'as pas osé prendre largement le large. Tu n'en a pas eu la force. Tes forces t'ont abandonnée. Tu t'es peu à peu écroulée. La tristesse enracinée t'est contagieuse. Tu avais fini par l'oublier. Le rappel t'est sévère. Tu as sévèrement déprimé. Tu vas pouvoir te relever. Tu en as la force. Tu n'aurais jamais dû t'éloigner si longtemps de l'écriture, de toi, de ce qui te fait vibrer. Tu as été contaminée. Tu t'appliques ta première couche de baume au cœur. Douceur et saveur du retour au doux labeur. Suavité de l'activité active. Foin du discours plaqué, du raisonnement à vide. Tu t'es sentie t'éteindre à petit feu. Tu ne peux vivre sans gaieté, sans bouger à la mesure de tes faibles forces physiques. Tu as amolli ta réactivité sous le flot du besoin de tout critiquer, de tout nier, de tout rapetisser. Tu as bien cru que tu allais en crever. Tu reprends tes marques. C'est en train de s'arrêter.
Peut-être t'illusionnes-tu, te fais-tu tes propres films, te trompes-tu quelque peu, voire grandement ? Qu'importe. Tu as besoin de te remettre bien vite en ordre de marche, en ordre de pensée, en ordre de vivre, de rêver, de jouer, de rire et de jouir.
Tu as souffert de sa frigidité. Elle t'a rigidifiée, gelée, agacée. Tu préfères tes doutes à ses mortifères certitudes. Tu sors de la prison mentale où tu t'es retrouvée emprisonnée. Tu dois y repenser, faire le tri dans tes idées, retrouver ton fragile équilibre et continuer à avancer, en lignes droites pixellisées, de gauche à droite et de droite à gauche, de bâbord à tribord et de tribord à bâbord, tirer des bords et fixer le point d'arrivée, tout au bout, tout droit, allant de çà, de là, tu y parviendras bien, par tes chemins tortueux, tu y arriveras, comme toujours.
Patience. Encore quelques heures et tu seras bien ; bien dans ton petit chemin de petit écrivain. Tu y seras bien. Tu es déjà bien. Tu viens de déposer ton petit sac. Tu as fait une halte trop tardive. Tu présumes encore trop de tes forces. Tu le sais pourtant bien, qu'il faut y aller à petits pas, sans compter, mais jamais sans se reposer quand tu en ressens le besoin. Tu es un petit buvard, tu te laisses imbiber par le bavard, ce bavard qui ne dit rien, ne pense rien, croit tout savoir et te rince la méninge. Pauvre petit buvard, tu es tout chiffonné. Prends le temps de te remettre. Tu n'as pas tant épongé, tu reviendras bien vite tout frais et rose. En attendant, passe une bonne et douce nuit.
Après-demain, tu seras en pleine forme pour retrouver ton amie et votre douce tranquillité.
© Simone Rinzler | 2 février 2015 - Tous droits réservés
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire