Découvrir, redécouvrir la puissance de la musique orchestrale.
France Musique vient de diffuser Pacific 751 d'Arthur Honegger, probablement pas réécouté depuis ce cours de musique facultative au lycée, avec Mme Dedieu, probablement.
Écouter les explications d'Honnegger sur la transcription de la vitesse.
Écouter l'œuvre. Être trop distraite par la vie qui passe et repasse autour pour savoir si l'œuvre entendue est complète. Elle semble bien brève pour une œuvre complète. Peut-être un mouvement, seulement. Impossible de vérifier dans la discothèque personnelle. Cette œuvre orchestrale n'y figure pas. Peu d'œuvres intégralement orchestrales y figurent. La passion de la voix humaine et l'attachement adulte pour la voix a remplacé la découverte des grandes œuvres orchestrales du XXe siècle de l'adolescence flamboyante, vibrante et sensible.
Une vie de musique, bien plus que de littérature, à bien y regarder. Musique des mots. Musique de la langue, musicalité de la langue anglaise britannique standard au creux du choix personnel de l'étude de l'anglais, avant la découverte des accents, du monde anglophone.
Écriture sous Dutilleux. Quelle belle pièce. Titre non entendu. Sans importance. Le plaisir se passe d'étiquette. Amour de la radio trop peu nourri dernièrement, depuis trop longtemps. Amour de la découverte de ce qui n'a pas besoin d'être choisi par soi-même. Accepter le cadeau de ce qui est offert par le hasard d'un bouton poussé un certain jour, une certaine heure, sur une certaine onde. Se régaler du Brahms qui démarre.
Plaisir de l'écoute non programmée. Jour de sérénité. Jour de vie aussi. Un petit projet sympa en préparation. Accompagner la future mère chez le coiffeur, comme ça, aller faire salon, chez le coiffeur, pour le plaisir d'un moment mère-fille en attendant la venue des petites-filles. Voir passer les copains déménageurs pour meubler la nouvelle pièce. De petits riens.
Se souvenir de la perte des petits riens sous l'effet d'un travail acharné, accablant, quoique si plaisant, et pourtant si pesant. Accueillir sa jeune, jeune, toute jeune vieillesse le sourire aux lèvres, le calme dans la peau.
Repenser à cette phrase en enfance qui ne se voulait pas assassine : Elle a le diable dans la peau, quand elle n'avait que la vie dans le corps et que sa vie apparue mettait à terre sa matrilinéarité.
Repenser, encore, à l'avancée dans "Le Diable avance toujours en ligne droite" d'Éric Pessan, en cours de lecture lente, appréciée.
Pensée des lignées, de la production, de la reproduction, de la peur des reproductions.
Pensée de l'avancée sans peine, sans peur des reproductions.
Pensée de la vie qui va, comme elle veut, comme elle peut, à la va-comme-j'te-pousse, poussée par les corps désirants, non pensants, absents à la pensée de leurs désirs. Apprécier le blocage de la pensée, le laisser-aller, vivre sans plus se tourmenter, jusqu'à la prochaine tourmente.
Reporter le moment mère-fille chez le coiffeur. La proposition d'accompagnement suffisait motiver la visite seule chez un coiffeur plus proche, plus sympa, plus doué techniquement et plus économique. Le moment de complicité ne cesse d'exister, en pointillés joyeux. La musique se répand en fond sonore du bonheur d'être plus vieux, du bonheur d'être heureux.
Les petits riens remplacent les grands projets. Les anciens et nouveaux projets faramineux, pharaoniques, titanesques, sysiphiens. La face du monde n'en est nullement changée. La perception du monde l'est. Infiniment. La respiration profonde est revenue, profonde et légère, sans effort.
C'est la fin du morceau.
Le piano a fini de s'agiter.
Les cordes reprennent en douceur, mêmes les cuivres sont paisibles. Douceurs des cors, des cuivres, calmes. Quelle maîtrise des cornistes et autre cuivristes. Tant de force maîtrisée, tant de douceur.
Pensée de la masculinité, de l'émoi de la douceur de la masculinité maîtrisée. Pensée du plaisir des corps enragés. Pensée du plaisir des corps maîtrisés pour ne pas blesser la chaire meurtrie. Pensée de la surprise postopératoire d'une douceur encore trop méconnue, trop imperçue. Pensée de l'attendrissement devant la force et la puissance maîtrisée. Pensée de la redécouverte de la force et de la puissance.
Force et tendresse. Masculinité et féminité liées.
Pourquoi toujours opposer ce qui alterne, circule, se complète ne se pose pas, pas toujours, comme question. Penser une observation du monde dont la violence sait se calmer. Violence intérieure en paix.
Retour aux questions de fond. Apaiser sa propre violence intérieure. Un défi de Sysiphe. Le défi fait du bien. Il n'est pas arrivé par défi, par réponse, par envie. Il est venu de la tentative de calmer ses propres chevaux de bataille. Ne pas batailler contre soi serait une solution à chaque bataille personnelle.
Le collectif commence par le singulier.
Ne pas batailler contre soi serait une solution à chaque bataille existentielle. Apprendre à cesser de lutter contre soi. Tenter de l'enseigner, par l'écriture, seul terrain restant ici pour la transmission de l'apprentissage du calme intérieur.
Trouver son terrain, ce n'est pas rien.
Chacun son terrain.
Un pour tous,
Tous pour un ?
Il faudrait prendre le temps d'y penser.
D'y repenser.
Accepter aussi ce pour quoi on ne peut rien.
Faire ce que l'on peut, du mieux que l'on peut, c'est déjà bien, ce n'est pas rien.
Rien que de petits riens.
De grands biens.
© Simone Rinzler | 23 janvier 2015 - Tous droits réservés.
Ne pas lutter en vain contre la correction orthographique automatique et les erreurs humaines sur clavier de tablette. L'interface d'écriture n'y est pas propice. Accepter temporairement. Seuls ceux qui n'écrivent jamais, ou trop peu ne font jamais aucune faute. Merci de les signaler si vous en voyez encore traîner. Moquerie et médisance ne devraient pas avoir leur place ici. Savoir les juguler, comme sa propre violence, est un bon début 😉
Si aucun autre imprévu ne vient perturber l'esprit, évidemment, les fautes seront corrigées ultérieurement sur le site du blog, mais (pas de travaux de galérien inutiles) pas nécessairement sur la page FB à L'Atelier de L'Espère-Luette