Ce matin, Un Petit Rien Tout Chagrin est venu me rendre visite. Il était Tout Timide, il n'osait pas me déranger.
Mais il n'a pas pu s'empêcher de venir se lover contre Moi.
Cela faisait très longtemps que je ne l'avais pas vu, ce Petit-Là. Alors, je lui ai dit : « Entre ! Entre ! Mon Petit ! Je t'attendais ! ».
C'est un Petit Rien Un Peu Chagrin. Il est Très Indépendant. Il n'aime pas être dérangé. Je le laisse venir à Moi. Et quand il vient, c'est le bonheur, avec Mon Petit Rien Indépendant Et Parfois Tout Chagrin. Il veut n'en faire qu'à sa tête.
Non qu'il soit, bête ! Non, non, non ! Mais c'est un Petit Rien Du Genre « Moi Tout Seul ! ».
On a très vite compris qu'avec lui, on n'arriverait à Rien sous la contrainte. On le laisse faire comme il veut. Oh ! Il y a bien sûr des règles, vous pensez bien ! Avec Tous Ces Petits Riens, on n'arriverait à Rien si on laissait chacun faire ce qui lui chante, à sa manière, à n'importe quelle heure ou même n'importe où.
C'est une sorte de liberté surveillée. Dit comme cela, cela paraît bien effrayant, cela pourrait même être totalement terrifiant, mais il suffit de voir comme ils sont heureux Mes Petits Riens, de pouvoir se manifester ensemble ou tout seul, selon l'humeur du moment. Ils ne se sentent jamais laissés pour compte. Il y a de la place pour chacun. Et puis, comme cela, ils apprennent à grandir, seuls et ensemble, ensemble et seuls, à deux, à trois, en bande ou en solo, au gré du vent des envies. Ils apprennent à faire un bon usage de leur liberté de Petits Riens.
S'il est bien Un Vrai Droit Universel Des Petits Riens, c'est bien de n'apparaître que quand on est prêt, quand on en a très envie, sinon Rien.
Ce matin, Mon Petit Rien Indépendant avait besoin d'attention. Je me suis penchée vers lui et, sans un mot, pour ne pas le faire fuir, je l'ai pris dans mes bras, l'ai câliné, L'Air De Rien. On croit toujours que tout se règle par la parole. Qu'il faut parler, parler, parler, toujours tout expliquer, toujours tout chercher à comprendre.
Mais tu n'y comprends Rien, si tu crois cela !
Le Silence Des câlins, c'est toujours bien.
As-tu déjà vu un vrai câlin spontané qui soit maladroit, un petit câlin blessant, un gros câlin de Rien mal interprété ? Un Vrai Câlin, bien sûr !
Moi, non.
Le câlin silencieux, c'est aussi bien que le câlin en chantonnant. Tu sais, ce qui compte, dans le câlin, c'est la tendresse qui s'échappe, impromptue, Zoup ! Comme ça ! Sans penser à Rien ! Les yeux dans le vague et le cœur au chaud.
Justement. On était bien là, au chaud, tous les deux, sous ma couette.
Il faisait bon, on était bien.
Il s'est laissé câliner longtemps, longtemps, bien au chaud, bien à l'abri dans le creux de mes bras, tout contre mon corps encore un peu endormi.
Puis, sans un mot, il est reparti, pas tout à fait comme il était arrivé. Il s'en est allé en sautillant, plein d'entrain, guilleret, tout plein de sa provision de tendresse. Il en avait pris tant qu'il allait en avoir pour longtemps ! Celui-là, je n'allais pas le revoir avant longtemps.
À moins...
À moins...
Il se pourrait bien qu'il me rapporte un bouquet de pâquerettes confectionné de ses petites mains.
Là, je le vois, jouer au loin dans le jardin. Il est bien.
Je suis bien.
On est bien avec De Petits Riens.
Tiens, mais qui revoilà, Les Mains Pleines De Pâquerettes Éparpillées, D'Herbes Folles Et D'Une Grande Fleur De Pissenlit ?
Oh ! Mon Grand !...
Oh !
Ooooh !...
Mais Quel Joli Bouquet !
© Simone Rinzler | 14 avril 2016 - Tous droits réservés
Même Les Petits Riens Les Plus Indépendants Ont Besoin De Câlins À L'Atelier de L'Espère-Luette
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