Aujourd'hui n'a pas été une journée très prolifique en Petits Riens.
J'eus beau chercher toute la journée, Rien ne venait vraiment.
Bien sûr, j'avais toujours le recours possible à l'invention au fil de l'écriture, mais j'avais commencé la journée à l'envers du point de vue des Petits Riens.
J'avais commencé la journée en regardant Mon Petit Vase En Poterie Vernissée et je voyais mes petites violettes s'étioler. L'autre fleur, inconnue, s'était en revanche épanouie.
Puis, je n'y repensai plus.
Dans le courant de la journée, mon œil fut attiré par la belle lumière du jour alors que je bataillais avec de multiples problèmes informatiques dont aucun ne semblait avoir de solution sur l'instant. Le genre d'agacement que peuvent produire des dysfonctionnements de réseau et de branchements n'est pas propice à La Chasse Aux Petits Riens. Une sorte de contrôle lié à la logique nécessaire de la technique perturbe l'état de détente nécessaire à la rencontre de ces Petits Riens Qui Me Vont Bien.
Il se mit à faire beau. Le ciel s'éclairait. Je me levai de ma chaise, pris un verre et allai à l'évier me servir un grand verre de l'eau fraîche du pays.
Je découvris à nouveau Le Petit Vase Et Son Joli Bouquet Simple.
La lumière était parfaite. Je cherchai le bon angle de prise de vue, travaillant en quelque sorte ce que je connaissais déjà en photographie et ce j'avais relu de la composition d'une image esthétique pour la préparation d'une scène à l'aquarelle.
Je pris une photo.
Une seule.
La bonne.
Du premier coup, comme toujours autrefois pendant les quelques deux années où j'avais fait une photo sur téléphone par jour, retravaillée sur une application de photographie.
Je travaillai immédiatement le cliché numérique du Joli Petit Bouquet Tout Simple. La composition était bonne, quoiqu'un peu déséquilibrée. Je décidai, contre tout purisme photographique, de rogner la photo vers le haut afin d'obtenir un meilleur équilibre et de prévoir une mise en valeur optimale de la prise de vue vers la gauche de la fenêtre.
Je choisis ensuite les réglages afin de modifier l'aspect d'origine du cliché.
Les fleurs bleues et violette sont toujours plus difficile à traiter.
L'optique de mon téléphone dénature la couleur réelle des fleurs bleues ou bleutées d'une manière assez peu satisfaisante. J'allais tirer la photo le plus possible vers le violet en ajoutant un peu de rose et un peu de chaleur pour adoucir le froid du carrelage.
Sans le savoir. Toujours le souvenir des mes jacinthes bleues achetées faute de jacinthes roses, il y a plus d'un mois, au tout début des Petits Riens.
Je fus satisfaite du résultat. Voilà longtemps que je ne m'étais pas remise à mon exercice de La Photo Du Jour et la décision d'assortir chacun de Mes Petits Riens d'une illustration (jamais appropriée et en général, bien trop banale) ne me satisfaisait pas depuis toutes ces dernières semaines. Mais ce qui n'est pas bien est déjà Quelque Chose et n'est pas Rien De Rien.
Le Quelque Chose peut toujours être amélioré.
Le Rien Du Tout, jamais.
Je fus contente d'avoir enfin la photo en avance. Une photo qui commence enfin à me plaire. Pour accompagner Mes Petits Riens.
Mais, hasard ou nécessité ?, je ne saurais dire, le changement dans l'ordre des choses bloqua la composition Du Petit Rien Du Jour.
Peut-être devrais-je me résoudre à ce qu'il n'y en ait pas aujourd'hui.
Après tout, compte tenu de ce que j'avais écrit la veille, il n'était pas bien grave de ne pas écrire aujourd'hui.
Mais j'avais hâte de poster dès ce jour cette photo composée qui enfin me satisfaisait.
Je continuai malgré tout à penser à Mes Petits Riens Indistincts toute la journée, quand je n'avais pas l'esprit occupé par quelque autre tâche nécessitant mon attention.
J'avais des légumes à éplucher. La tâche ne m'amusait pas. J'en profitai pour écouter la bande son d'une série américaine medicale mille fois repassée à la télé pour le plaisir d'entendre parler anglais.
Impossible dès lors de réfléchir aux Petits Riens. J'écoutais distraitement, mais j'écoutais quand même. Je reste habituellement dans le silence quand je suis seule dans la journée, sauf les jours où je décide d'écouter de la musique, ce qui n'est plus très fréquent à nouveau depuis quelques mois. J'ai été bien trop occupée à chanter moi-même pour de bon ou à faire de jeux de rythmes.
J'ai fini par aimer le silence que je n'aimais pas autrefois. On s'entend penser. On s'entend écrire. On se repose d'une vie de labeur, qui plus est consacrée au langage, à la phonation et au chant.
J'avais donc trouvé l'activité silencieuse dont j'avais besoin pour chasser une contrariété qui me tenait encore le cerveau en vilaine ébullition.
Photo ce fut. Écriture ce ne fut pas.
L'inversion de l'ordre de ce qui était devenu un rituel, une sorte de routine quotidienne, une hygiène créative légère, sans prise de tête, avait bousculé le processus d'écriture tel que j'aimais le pratiquer.
J'avais bien pensé à anthropomorphiser à nouveau Mes Petits Riens, mais une bulle de chagrin dans la poitrine gênait la création mentale préparatoire en amont de la prise du clavier.
Il aurait été question de vieilles chaussettes abandonnées, transformées en marionnettes, rigolotes mais le cœur n'y était pas.
Ou de pédalage dans les sous-bois sous une pluie de grêlons sous un dôme de verre ou de plastique translucide, comme la boule à paillettes de l'autre fois.
Mais, là encore, la légèreté n'était pas là.
Je ne parvenais pas à la convoquer.
Elle résistait.
En revanche, l'avance technique de l'ancienne routine photographique faisait l'affaire. De toute la journée, sans compter de bonnes nouvelles personnelles et la réception de photos et de vidéos magnifiques tant attendues, le reste ne relevait en rien du Petit Rien.
Sauf La Photo Du Bouquet Tout Joli De La Fée Discrète Et Tendre De La Veille.
Pas de Petit Rien qui veuille se laisser inventer.
Plaisir d'une photo enfin réussie.
Mais ! Mais ! Le voilà, Ton Petit Rien !
Photo ce fut.
Photo serait Le Petit Rien.
Et ce serait bien.
Pour demain, on verrait bien.
Il est déjà vie tard et je suis déjà demain.
Vite, vite ! Terminer !
Puis lire un peu.
Éteindre.
Dormir.
Je crois que Pégase m'attend demain.
Il faut que je sois en forme maintenant que j'ai récupéré de l'énergie (et pas seulement dans la batterie de Mon Pégase).
© Simone Rinzler | 27-28 avril 2016 - Tous droits réservés
La Photo S'Invite dans Les Petits Riens À L'Atelier de L'Espère-Luette
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