#MoocDQ3 03JS 20150323 Tu t'es mise en retrait, invisible, peu visible, ou presque...
Tu t'es mise en retrait, invisible, peu visible, ou presque.
Tu écris dans l'ombre, à l'ombre de la lumière,
Tu as figé les volets, armé les toboggans,
Tu as pris ton envol, tu es en plein vol.
Te voici tranquille, seule et concentrée, à ton établi, à l'atelier de la pensée, tu écris ton roman, tu cogites, tu écris, tu regrettes, tu hiérarchises, tu dynamises, tu tyrannises, tes personnages, tu martyrises, ton histoire, tu ne "sadises" plus, ni toi, ni ton conjoint, ni tes amis. Tu n'es plus acariâtre. Tu as filtré tes émotions négatives, tu t'es remise au travail, le travail d'écriture.
Tu as changé de genre, tu n'écris plus de philosophie du langage, de philosophie politique, ni d'histoire des idées, d'analyse stylistique, de commentaire grammatical sur les écrits manifestaires du monde anglophone.
Tu as quitté le monde de la parole manifestaire, tu es redevenue constructive, tu sais où tu vas, ce que tu fais, pourquoi tu le fais. Tu sais aussi qu'il existe une parole manifestaire sous-jacente dans ce que tu écris, mais ce n'est plus ton sujet principal, tu es passée à un autre sujet, tu peux alors dire : "Et maintenant pour quelque chose chose complètement différent !". Toujours philosophique, toujours psychologique, ton sujet n'est pas unique, tu le doubles. Tu t'es fait doubler par ton psychisme.
Tu voulais écrire une histoire d'"Amour en Amitié", tu n'y parvenais pas, tu es passée, sans le savoir, sans le vouloir, par une histoire détournée, une histoire d'amour tout court, une histoire d'amitié toute bête, une histoire d'humains simples et faciles, imbriquée dans des labyrinthes qui s'agrègent et se désagrègent au fil ta plume électronique.
Tu t'es désagrégée de ton histoire d'amour en amitié qui t'a rongée, mortifiée, tu es passée à autre chose, "And Now, for Something Completely Different", tu ne narres plus sans but. Tu te sens mieux. Tu as retrouvé une vie plus équilibrée. Tu sors, peu à peu, de ton trop long marasme que tu savais temporaire, tu te réveilles à la vie, pour de bon. Tu as trouvé un rythme, ton rythme pour ta nouvelle activité d'inactive, d'inactive retraitée. Tu passes chaque jour de nouveaux obstacles. Tu ne crains plus les clichés. Plus jamais tu ne renâcles, farouche, rétive, devant ces obstacles.
Tu tâtonnes, évidemment, mais tu ne te sens plus sous le même mode. Tu ne manques plus d'assurance. Tu t'es souvenue à force de faire, de refaire, de t'y mettre et de t'y remettre, que les tâtonnements font partie de l'apprentissage, que "C'est le métier qui rentre !", ainsi.
Tu avances en écriture, en maturité, en narrativité, en nativité de ton petit nouveau-né qui s'annonce, le tien, rien que le tien, à toi, toute seule, à partager, avec tes lecteurs, que tu espères nombreux, dans le futur. Tu as fini de te rêver écrivain. Tu es écrivain. C’est un fait.
Tu as bien fait de faire comme tu as fait. Tu trouves que tu as toujours bien fait de faire comme tu avais fait. Bien fait. Bien fait pour toi. Par toi. Il te fallait bien commencer. Laisser braire les "Bien fait pour toi ! ", envoyer paître les retenues de vivre en bon, pour de bon, bon, bon.
Bien fait pour toi.
Très bien fait.
Comme pour toi.
Bienfait.
Pour.
Toi.
Bienfait.
Pour.
Toi.
Pour toi,
Aussi.
Qui lis.
Bien, bien. Bon, bon.
Qui lis.
Bien, bien. Bon, bon.
© Simone Rinzler | 23 mars 2015 - Tous droits réservés.
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