###2056 20150328 Bonjour à tous... Re-Bonjour. Je vais me présenter d'abord. Je m'appelle Françoise, je suis instit' et je crois bien que j'écris depuis toujours...
Bonjour à tous... Re-Bonjour. Je vais me présenter d'abord. Je m'appelle Françoise, je suis instit' et je crois bien que j'écris depuis toujours.
Voilà mon texte. C'est une très courte nouvelle qui fait partie d'une série de petits contes horribles que j'envisage d'écrire ici. Comme je suis plutôt quelqu'un de doux, je me lâche quand j'écris.
Voilà :
##**Il est là, Papa ?... [Des Nouvelles de Thierry ?]**
###**Nouvelle**
Thierry rentre de l'école. Maman est déjà là. Elle ne travaille plus le lundi, ni le mardi non plus d'ailleurs. La maison est dans un désordre indescriptible. Maman n'a plus le moral. Elle cherche un nouveau travail. Elle ne fait plus le ménage. Papa ne l'aide plus non plus.
"Il est là, Papa ?", demande Thierry.
"T'as qu'à aller voir !", répond Maman.
"Il est là, Papa ?"
"Va voir, que j'te dis !"
Mais Thierry n'ira pas voir. Il a trop peur. Peur de son Papa. Peur de son petit oiseau. Peur pour son petit oiseau à lui.
"Mais, qu'est-ce tu fous, Thierry ? Va voir, que j'te dis !"
Thierry demande : "Y'a du goûter ?"
Il prend bien soin de ne pas répondre. Il pète de trouille. C'est tous les jours pareil. Il ne sait jamais si son Papa est là, et sa mère, elle s'en fout. Elle comprend pas. Elle pense qu'à elle.
-Y'a du goûter ? Maman ! Y'a quelque chose pour le goûter ?
-T'as pas fini d'me faire chier, avec ton goûter ? Mais tu penses qu'à bouffer, ma parole ! Putain d'gosse. Ah ! C'est bien l'fils à son père, çui-là !
-"Maman, tu m'as entendu ?", répète Thierry, "Y'a du goûter ?"
Il a bien entendu que sa mère n'est pas dans ses bons jours. Elle a encore dû picoler. Mais, c'est la seule qui peut encore le protéger un peu de son père. Alors, il s'approche d'elle. Il se dit que s'il est gentil avec elle, il ne viendra pas l'ennuyer cette nuit.
Il vient lui faire un câlin.
"Qu'est-ce tu m'emmerdes avec tes cajoleries, l'moutard. Ah ! T'es bien comme ton père, toi ! Toujours dans mes pattes, toujours à v'nir t'coller. J'chais pas c'qu'i'z'ont dans c'te famille !"
Thierry renifle. Il a la goutte au nez.
Bruit brusque dans la serrure.
C'est la porte d'entrée.
L'horreur va commencer.
Thierry se réfugie dans sa chambre, sans goûter.
Il essaie d'écouter ce que se disent ces deux-là.
Pas difficile. Ils gueulent à qui mieux mieux. C'est à celui qui qui gueulera le plus fort. Si ça se trouve, ils vont encore se battre.
Thierry n'aime pas quand ils se battent. Maman met Papa à la porte de leur chambre et Papa vient pleurer dans sa chambre.
« Mais pourquoi qu'elle est partie Françoise ? Depuis qu'elle s'est mariée, tout le monde m’embête à la maison ».
Papa va encore rentrer dans sa chambre quand Maman l'aura foutu dehors. Il va encore venir pleurer. Et peut-être que ce soir encore, il sortira son petit oiseau, en pleurant, et qu'il fera encore peur à Thierry avec son petit oiseau qui devient gros.
Thierry n'arrive pas à faire ses devoirs. Il a envie de pleurer. Mais il sait que s'il pleure, il va s'prendre une branlée.
Il se mouche doucement, dans sa manche. Il renifle. Il essaie de faire son exercice de grammaire. « Le petit oiseau gazouille dans l’arbre. Mets la phrase au pluriel ». Il écrit : « Les gros oiseaux garfouillent ». Il ne comprend rien. Il est pété de trouille. Il a peur. Peur des oiseaux.
Qu'est-ce qui lui arrive ?
Il vient de faire pipi sur le plancher de sa chambre, sur la chaise de son petit bureau. Son pantalon est tout mouillé.
Vite, vite !
Tout cacher et se changer.
Il se met en pyjama et roule son pantalon et sa culotte en boule. Vite ! Sous l'oreiller.
Non ! Ça va sentir mauvais.
Où alors ?
Il hésite. Glisse le tout sous le lit.
Son père ouvre la porte.
- « Ça va, mon petit Thierry ? »
- « Oui. Oui. Ça va, Papa. Et toi ? »
Il se mouche dans sa manche. Sourit faiblement.
Thierry est bien trop impressionnable.
Il se raconte des tas d'histoires depuis que sa sœur est morte dans un accident de moto.
C'est Papa qui conduisait.
Thierry se noie.
© Françoise Taillefer | 16 décembre 2014 - Tous droits réservés
-Eh bien, dis donc ! Heureusement que tu nous as dit que tu étais douce...
-Wouah ! Alors ça, ça pique les yeux !
-Ça pique les yeux ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
-Ben, ça tape, quoi !
-Ah ! Oui, ça, pour taper, ça tape ! Je vous avais prévenus... C'est un petit conte horrible, je vous l'avais bien dit. Les enfants adorent ça ! Ils adorent en écrire...
-Attends, laisse les autres commenter.
-Ah, oui ! Pardon. C'est dur de ne pas répondre. On peut quand même répondre un petit peu, quand même ? Je n'aimerais pas que cet atelier se transforme en bagne. Cela fait des années que je fais des stages d’écriture, et c'est important que chacun puisse s'exprimer, sinon, on va être frustrés.
-Oui, du moment que c'est juste un peu !
-Où est-ce que tu vas chercher tout ça ?
-Je ne sais pas. Ça fait tellement longtemps que j'écris. L'écriture, c'est mon défouloir... Je ne sais pas d'où ça sort... Un jour, c'est sorti comme ça. Je me suis mise à écrire des histoires horribles. Il faut dire qu'avec mon métier, j'en ai vu des pauvres gamins perturbés. Ca me touche. Ca doit être ça qui ressort quand j'écris.
-Alors, vos commentaires ?
-Ah, bah, c'est drôlement bien, hein !
-Oh, non ! C'est trop noir ! Moi, je n'aime pas du tout. J'ai horreur des histoires glauques. C'est déjà assez difficile comme ça, la vie, il n'y a pas besoin d'en rajouter.
-*Maxwell, Qualité Filtre ! Ce n'est pAAAs la pEI-EIne d'en rAjOU-outEr !*
-C'est quoi, ça, ton truc, là, Maxwell ?
-Une vieille pub télé pour du café, comme Nescafé spécial Filtre, tu vois ! T'es trop jeune, t'as pas dû connaître. C'était avant *Whaddelse ?*
-C'était moins drôle...
-Ah, si ! Moi, je la connais.
-Ouais, moi aussi !
-En tous cas, les élèves d'Alain, au lycée, eux, ch'uis sûre qu'ils diraient "*Comment qu'ça nique sa race !*"
-Les enfants, les enfants ! On reprend, là. Ce n'est pas encore l'heure de la récré !
-Oh, oui. C'est vrai !
-On est déjà infernales !
-Heureusement que Raphaël est sage.
-Oh. Fiche-lui la paix, toi !
-Et puis Georges !
-Et Michel aussi...
-Et moi aussi, dit la Petite Poule Rousse !
-Et moi ? Et moihaha...
-Wop' ! Pardon !
[En chœur.]
-Par-don, Maî-treeeesse !
-Tu pourrais pas la relire, là. J’ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne se goupille pas bien. On ne comprend pas bien qui dit quoi, si le père est déjà rentré dans la chambre ou s'il y rentre tous les jours. J'ai l'impression que c'est un peu flou.
Ah ! Non ! Ce n'est pas flou du tout. C'est au contraire très bien fait pour faire monter un moment de flottement. Sur moi, ça a bien marché, ça m'a déstabilisée.
-Tu n'aurais pas dû nous prévenir que c'était une histoire horrible. Du coup, nous, on a moins eu la surprise. On s'attendait à une horreur. C'est pour ça que tu chipotes, toi.
-Non, je ne chipote pas. J'ai vraiment l'impression qu'il y a quelques petites modifications à faire pour que ce soit vraiment percutant.
-Bon, eh bien Françoise reverra ça pendant la séance de ce soir.
A qui, maintenant ? Toi ? OK.
Allez, allez, on s'active !
-Ah ! Au fait ! Une dernière question : Pourquoi la soeur s'appelle Françoise ?
-Elle s'appelle Françoise ?!? Oh, non !... C'est, c'est..., ben mince, c'est mon stylo qu' fourché !
© Simone Rinzler | 28 mars 2015 - Tous droits réservés
Bonjour à tous... Re-Bonjour. Je vais me présenter d'abord. Je m'appelle Françoise, je suis instit' et je crois bien que j'écris depuis toujours.
Voilà mon texte. C'est une très courte nouvelle qui fait partie d'une série de petits contes horribles que j'envisage d'écrire ici. Comme je suis plutôt quelqu'un de doux, je me lâche quand j'écris.
Voilà :
##**Il est là, Papa ?... [Des Nouvelles de Thierry ?]**
###**Nouvelle**
Thierry rentre de l'école. Maman est déjà là. Elle ne travaille plus le lundi, ni le mardi non plus d'ailleurs. La maison est dans un désordre indescriptible. Maman n'a plus le moral. Elle cherche un nouveau travail. Elle ne fait plus le ménage. Papa ne l'aide plus non plus.
"Il est là, Papa ?", demande Thierry.
"T'as qu'à aller voir !", répond Maman.
"Il est là, Papa ?"
"Va voir, que j'te dis !"
Mais Thierry n'ira pas voir. Il a trop peur. Peur de son Papa. Peur de son petit oiseau. Peur pour son petit oiseau à lui.
"Mais, qu'est-ce tu fous, Thierry ? Va voir, que j'te dis !"
Thierry demande : "Y'a du goûter ?"
Il prend bien soin de ne pas répondre. Il pète de trouille. C'est tous les jours pareil. Il ne sait jamais si son Papa est là, et sa mère, elle s'en fout. Elle comprend pas. Elle pense qu'à elle.
-Y'a du goûter ? Maman ! Y'a quelque chose pour le goûter ?
-T'as pas fini d'me faire chier, avec ton goûter ? Mais tu penses qu'à bouffer, ma parole ! Putain d'gosse. Ah ! C'est bien l'fils à son père, çui-là !
-"Maman, tu m'as entendu ?", répète Thierry, "Y'a du goûter ?"
Il a bien entendu que sa mère n'est pas dans ses bons jours. Elle a encore dû picoler. Mais, c'est la seule qui peut encore le protéger un peu de son père. Alors, il s'approche d'elle. Il se dit que s'il est gentil avec elle, il ne viendra pas l'ennuyer cette nuit.
Il vient lui faire un câlin.
"Qu'est-ce tu m'emmerdes avec tes cajoleries, l'moutard. Ah ! T'es bien comme ton père, toi ! Toujours dans mes pattes, toujours à v'nir t'coller. J'chais pas c'qu'i'z'ont dans c'te famille !"
Thierry renifle. Il a la goutte au nez.
Bruit brusque dans la serrure.
C'est la porte d'entrée.
L'horreur va commencer.
Thierry se réfugie dans sa chambre, sans goûter.
Il essaie d'écouter ce que se disent ces deux-là.
Pas difficile. Ils gueulent à qui mieux mieux. C'est à celui qui qui gueulera le plus fort. Si ça se trouve, ils vont encore se battre.
Thierry n'aime pas quand ils se battent. Maman met Papa à la porte de leur chambre et Papa vient pleurer dans sa chambre.
« Mais pourquoi qu'elle est partie Françoise ? Depuis qu'elle s'est mariée, tout le monde m’embête à la maison ».
Papa va encore rentrer dans sa chambre quand Maman l'aura foutu dehors. Il va encore venir pleurer. Et peut-être que ce soir encore, il sortira son petit oiseau, en pleurant, et qu'il fera encore peur à Thierry avec son petit oiseau qui devient gros.
Thierry n'arrive pas à faire ses devoirs. Il a envie de pleurer. Mais il sait que s'il pleure, il va s'prendre une branlée.
Il se mouche doucement, dans sa manche. Il renifle. Il essaie de faire son exercice de grammaire. « Le petit oiseau gazouille dans l’arbre. Mets la phrase au pluriel ». Il écrit : « Les gros oiseaux garfouillent ». Il ne comprend rien. Il est pété de trouille. Il a peur. Peur des oiseaux.
Qu'est-ce qui lui arrive ?
Il vient de faire pipi sur le plancher de sa chambre, sur la chaise de son petit bureau. Son pantalon est tout mouillé.
Vite, vite !
Tout cacher et se changer.
Il se met en pyjama et roule son pantalon et sa culotte en boule. Vite ! Sous l'oreiller.
Non ! Ça va sentir mauvais.
Où alors ?
Il hésite. Glisse le tout sous le lit.
Son père ouvre la porte.
- « Ça va, mon petit Thierry ? »
- « Oui. Oui. Ça va, Papa. Et toi ? »
Il se mouche dans sa manche. Sourit faiblement.
Thierry est bien trop impressionnable.
Il se raconte des tas d'histoires depuis que sa sœur est morte dans un accident de moto.
C'est Papa qui conduisait.
Thierry se noie.
© Françoise Taillefer | 16 décembre 2014 - Tous droits réservés
-Eh bien, dis donc ! Heureusement que tu nous as dit que tu étais douce...
-Wouah ! Alors ça, ça pique les yeux !
-Ça pique les yeux ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
-Ben, ça tape, quoi !
-Ah ! Oui, ça, pour taper, ça tape ! Je vous avais prévenus... C'est un petit conte horrible, je vous l'avais bien dit. Les enfants adorent ça ! Ils adorent en écrire...
-Attends, laisse les autres commenter.
-Ah, oui ! Pardon. C'est dur de ne pas répondre. On peut quand même répondre un petit peu, quand même ? Je n'aimerais pas que cet atelier se transforme en bagne. Cela fait des années que je fais des stages d’écriture, et c'est important que chacun puisse s'exprimer, sinon, on va être frustrés.
-Oui, du moment que c'est juste un peu !
-Où est-ce que tu vas chercher tout ça ?
-Je ne sais pas. Ça fait tellement longtemps que j'écris. L'écriture, c'est mon défouloir... Je ne sais pas d'où ça sort... Un jour, c'est sorti comme ça. Je me suis mise à écrire des histoires horribles. Il faut dire qu'avec mon métier, j'en ai vu des pauvres gamins perturbés. Ca me touche. Ca doit être ça qui ressort quand j'écris.
-Alors, vos commentaires ?
-Ah, bah, c'est drôlement bien, hein !
-Oh, non ! C'est trop noir ! Moi, je n'aime pas du tout. J'ai horreur des histoires glauques. C'est déjà assez difficile comme ça, la vie, il n'y a pas besoin d'en rajouter.
-*Maxwell, Qualité Filtre ! Ce n'est pAAAs la pEI-EIne d'en rAjOU-outEr !*
-C'est quoi, ça, ton truc, là, Maxwell ?
-Une vieille pub télé pour du café, comme Nescafé spécial Filtre, tu vois ! T'es trop jeune, t'as pas dû connaître. C'était avant *Whaddelse ?*
-C'était moins drôle...
-Ah, si ! Moi, je la connais.
-Ouais, moi aussi !
-En tous cas, les élèves d'Alain, au lycée, eux, ch'uis sûre qu'ils diraient "*Comment qu'ça nique sa race !*"
-Les enfants, les enfants ! On reprend, là. Ce n'est pas encore l'heure de la récré !
-Oh, oui. C'est vrai !
-On est déjà infernales !
-Heureusement que Raphaël est sage.
-Oh. Fiche-lui la paix, toi !
-Et puis Georges !
-Et Michel aussi...
-Et moi aussi, dit la Petite Poule Rousse !
-Et moi ? Et moihaha...
-Wop' ! Pardon !
[En chœur.]
-Par-don, Maî-treeeesse !
-Tu pourrais pas la relire, là. J’ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne se goupille pas bien. On ne comprend pas bien qui dit quoi, si le père est déjà rentré dans la chambre ou s'il y rentre tous les jours. J'ai l'impression que c'est un peu flou.
Ah ! Non ! Ce n'est pas flou du tout. C'est au contraire très bien fait pour faire monter un moment de flottement. Sur moi, ça a bien marché, ça m'a déstabilisée.
-Tu n'aurais pas dû nous prévenir que c'était une histoire horrible. Du coup, nous, on a moins eu la surprise. On s'attendait à une horreur. C'est pour ça que tu chipotes, toi.
-Non, je ne chipote pas. J'ai vraiment l'impression qu'il y a quelques petites modifications à faire pour que ce soit vraiment percutant.
-Bon, eh bien Françoise reverra ça pendant la séance de ce soir.
A qui, maintenant ? Toi ? OK.
Allez, allez, on s'active !
-Ah ! Au fait ! Une dernière question : Pourquoi la soeur s'appelle Françoise ?
-Elle s'appelle Françoise ?!? Oh, non !... C'est, c'est..., ben mince, c'est mon stylo qu' fourché !
© Simone Rinzler | 28 mars 2015 - Tous droits réservés
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire